Depuis trente ans, la dette publique française n’a cessé de croître, jusqu’à atteindre 3 345 milliards d’euros début 2025, soit 113,9 % du PIB.

Mais chaque président de la Ve République a contribué différemment à ce gonflement, selon le contexte économique et les choix politiques. Retour sur les principales étapes de ce long engrenage. Sous Charles de Gaulle puis Georges Pompidou, la dette reste contenue autour de 20 à 25 % du PIB. Les grands investissements (autoroutes, nucléaire) sont financés par l’emprunt, mais la forte croissance des Trente Glorieuses et l’inflation absorbent ces dépenses. Jusqu’en 1966, l’État parvient même à dégager des excédents.
Giscard d’Estaing : la crise pétrolière
Avec Valéry Giscard d’Estaing, les chocs pétroliers de 1973 et 1979 cassent la croissance et font exploser le chômage. Les dépenses sociales et les aides sectorielles se multiplient, creusant des déficits permanents. Dès 1974, les recettes ne suffisent plus à couvrir les dépenses.
Mitterrand : relance puis rigueur

Élu en 1981, François Mitterrand lance une relance massive : nationalisations, hausse des prestations sociales, financées par la dette. Mais en 1983, la rigueur s’impose pour éviter la faillite. Les privatisations lors des cohabitations freinent un peu la dérive, sans inverser la tendance. La dette passe de 20-30 % du PIB à plus de 50 % en 14 ans.
Chirac : la « cagnotte » gâchée
Sous Jacques Chirac, les dépenses sociales s’accroissent. En 1999, une « cagnotte » budgétaire apparaît grâce à la croissance, mais elle sert surtout à financer des baisses d’impôts (TVA, IR, taxe d’habitation) au lieu de réduire la dette. Résultat : les déficits persistent.
Sarkozy : la crise des subprimes
En 2007, Nicolas Sarkozy réduit les impôts via son « paquet fiscal » (15 milliards d’euros en moins par an). La crise financière de 2008 aggrave la situation : plan de relance de 26 milliards, soutien massif aux banques, chute des recettes fiscales. En cinq ans, le ratio dette/PIB bondit de 26 points.
Hollande : une dette qui enfle malgré tout

François Hollande promet de réduire le déficit mais met en place le CICE (crédit d’impôt pour l’emploi et la compétitivité) qui coûte jusqu’à 18 milliards par an. Des mesures de soutien à l’investissement s’ajoutent. La dette continue d’augmenter, mais à un rythme plus modéré que sous Sarkozy.
Macron : le « quoi qu’il en coûte »
Emmanuel Macron engage de fortes baisses d’impôts (taxe d’habitation, IS, ISF). Il reprend aussi 35 milliards de dette de la SNCF. Mais ce sont surtout le Covid-19 et l’inflation liée à la guerre en Ukraine qui creusent la dette : chômage partiel, boucliers tarifaires, aides aux ménages et aux entreprises. Résultat : 1 113 milliards d’euros de dette en plus depuis 2017, soit l’augmentation la plus élevée en valeur absolue de toute la Ve République.
👉 En résumé :
Macron : +1 113 Md€ en valeur absolue (Covid, Ukraine).
Sarkozy : +26 points de PIB en 5 ans (crise financière).
Mitterrand : +35 points en 14 ans (mutation structurelle).
Chirac : dette accrue malgré la « cagnotte » des années 2000.
PUBLICITÉ:Giscard : chocs pétroliers, déficit permanent.
De Gaulle/Pompidou : dette maîtrisée grâce à la croissance.










