À 36 ans, Teddy Riner a tout gagné sur les tatamis. Quintuple champion olympique, onze fois champion du monde, il est une légende vivante du judo.
Mais alors qu’il se tient encore en marge de la compétition individuelle, le colosse guadeloupéen laisse entrevoir un tout autre horizon : celui de la politique. Et pas pour un rôle secondaire. L’homme fort du judo ne s’interdit rien, pas même l’Élysée.
Invité ce lundi 19 mai sur le plateau de BFMTV, Teddy Riner n’a pas mâché ses mots. Interrogé sur une éventuelle reconversion politique après sa carrière sportive, le judoka n’a pas botté en touche. « Je ne ferme aucune porte », a-t-il confié, sourire aux lèvres. Et lorsque le journaliste Guillaume Daret lui demande s’il pourrait viser la présidence de la République, Riner lâche un “bien sûr !” sans détour.
Ce n’est pas une provocation, mais une réponse dans la lignée de son tempérament de champion : « Quand je fais quelque chose, c’est pour gagner, pour emmener une locomotive. » Une formule qui en dit long sur sa conception du leadership et sur la force de ses convictions.
Refuser d’être cantonné au sport
S’il salue les suggestions qui l’imaginent ministre des Sports, Riner déplore aussi une forme de réduction systématique du rôle que pourrait jouer un athlète dans la vie publique : « Pourquoi toujours réduire le sportif au sport ? », questionne-t-il. Pour lui, son expérience, sa stature et sa popularité peuvent porter des combats plus larges.
Et ces dernières années, Teddy Riner a multiplié les prises de parole sur des sujets sociétaux, affirmant progressivement une voix engagée.
Un engagement de plus en plus affirmé
En mars dernier, il interpelle directement Manuel Valls, alors ministre des Outre-mer, sur la situation des Antilles. « Je suis Guadeloupéen, je suis né là-bas… Je ne comprends pas qu’on soit traités de la sorte », déclare-t-il sur RMC. Une critique directe envers le traitement réservé aux territoires ultramarins, où le coût de la vie, la précarité et les inégalités restent des problématiques criantes.
Le mois suivant, il prend position sur un autre sujet brûlant : le port du voile dans le sport. En pleine polémique autour d’une proposition de loi visant à interdire le hijab lors des compétitions sportives, Riner appelle à « penser plus égalité », et dénonce l’obsession autour d’une seule religion.
« Je me dois de prendre la parole pour ceux qui en ont besoin », avait-il déclaré, assumant pleinement son rôle de figure publique. Un engagement mûri, qu’il explique par le fait qu’il a désormais « la carrière, les épaules, et peut-être la légitimité » pour le faire.
Une présence politique qui s’installe
En parallèle de ces prises de position, Teddy Riner continue de participer à des événements d’envergure institutionnelle. Ce lundi, il est l’invité d’honneur du sommet Choose France, organisé à Versailles, un rendez-vous stratégique pour attirer les investisseurs internationaux. Une présence symbolique, mais qui témoigne aussi de son influence croissante bien au-delà du monde sportif.
Son aisance médiatique, sa popularité transgénérationnelle, et sa capacité à incarner des valeurs d’unité et de réussite en font un candidat potentiel idéal aux yeux de certains. Et même si aucun projet politique n’est encore formalisé, les signaux sont nombreux et cohérents.
Toujours judoka, mais en retrait pour l’instant
En attendant, le champion reste judoka. Mais il a annoncé son forfait pour les Championnats du monde de judo de Budapest, prévus en juin, en raison d’une convalescence post-opératoire. « Ce n’est jamais simple de renoncer à une grande compétition », a-t-il déclaré sur ses réseaux sociaux, « mais c’est une décision réfléchie, prise avec mon staff. »
Depuis sa double médaille d’or aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, Teddy Riner n’a toujours pas repris la compétition individuelle. Un retrait temporaire qui coïncide avec une montée en puissance de sa visibilité publique et politique.