Une enquête longue de douze mois vient de lever le voile sur un trafic insolite : dans le Béarn, un jeune Toulousain fabriquait et écoulait de faux documents médicaux sur les réseaux cryptés. Une fraude massive qui mêle ordonnances falsifiées, arrêts maladie inventés et victimes parmi les professionnels de santé.
La gendarmerie de Morlaàs, dans les Pyrénées-Atlantiques, a annoncé l’arrestation d’un homme de 29 ans ce mardi. Ce Toulousain est soupçonné d’avoir vendu plus de 800 faux documents médicaux à travers toute la France, dont au moins 300 arrêts de travail fabriqués de toutes pièces. L’enquête a démarré après la plainte d’un médecin béarnais qui avait découvert, stupéfait, un arrêt signé en son nom pour un patient qu’il n’avait jamais rencontré.
Une fraude organisée et lucrative
Les gendarmes, en collaboration avec plusieurs CPAM, ont remonté patiemment la filière jusqu’à cet individu. Le faussaire avait monté une véritable petite entreprise parallèle, proposant ses services via le réseau crypté Telegram et encaissant les paiements sur PayPal. Chaque document était vendu environ 30 euros, un tarif attractif qui a séduit des centaines de clients. Selon les estimations, le trafic rapportait environ 1.600 euros par mois, soit près de 20.000 euros engrangés en une seule année.
Des médecins trompés à travers tout le pays
Au total, 25 praticiens ont été identifiés comme victimes de cette usurpation, leurs noms et signatures ayant servi à valider de faux documents. Le procédé permettait à des particuliers d’obtenir des arrêts de travail illégitimes ou de contourner certaines démarches médicales. Cette fraude a mis en lumière la vulnérabilité des outils numériques et l’ampleur que peuvent prendre les falsifications lorsqu’elles sont diffusées en ligne.
L’auteur avoue, l’enquête continue
Placée en garde à vue, la personne interpellée a reconnu les faits. Remis en liberté, il devra comparaître devant le tribunal de Pau en décembre prochain. Mais les investigations ne s’arrêtent pas là : le parquet a précisé que les recherches se poursuivent désormais pour identifier et poursuivre les plus de 300 clients qui ont profité de ce trafic. Cette seconde étape s’annonce déterminante pour mesurer l’ampleur réelle de l’affaire.
Un signal d’alarme pour les autorités sanitaires
Au-delà du cas individuel, ce trafic souligne un enjeu plus large : la sécurité des documents médicaux et la facilité avec laquelle ils peuvent être falsifiés. Pour les autorités de santé comme pour les praticiens, cette affaire met en évidence la nécessité de renforcer les dispositifs de protection, dans un contexte où les outils numériques sont de plus en plus utilisés et détournés à des fins frauduleuses.