À l’approche de 2027, le divorce politique semble définitivement consommé entre Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.
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Dans un entretien incisif accordé à Libération, l’ancien candidat écologiste à la présidentielle appelle à une rupture claire et irréversible avec le chef de file de La France insoumise. Une prise de position qui sonne comme un avertissement lancé à sa propre famille politique. Pour Yannick Jadot, la gauche ne peut plus faire semblant : une candidature commune en 2027 avec Jean-Luc Mélenchon est une impasse. « Il faut clarifier notre rapport à Jean-Luc Mélenchon », martèle-t-il, estimant que prolonger le flou autour d’une possible union serait « construire la déception des électeurs de demain, et la défaite ». Selon lui, la divergence n’est plus seulement stratégique, mais profondément idéologique, et justifie que les écologistes fassent désormais cavalier seul.
Dans le viseur de l’ancien eurodéputé : Marine Tondelier, actuelle secrétaire nationale d’EELV, à qui il reproche de maintenir volontairement une ambiguïté nuisible. Il lui demande de dire les choses « franchement », au risque sinon de « baratiner » les électeurs et de nourrir une dynamique qu’il juge « déceptive et démobilisatrice ». Pour Jadot, l’heure n’est plus aux tactiques électoralistes, mais à la clarté politique.
L’antifascisme ne suffit pas à faire un projet
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S’il reconnaît l’importance du combat antifasciste dans le contexte actuel, Yannick Jadot prévient : cela ne constitue pas un projet politique en soi. « Ce n’est pas un projet de reconquête des classes populaires et moyennes », affirme-t-il, en appelant à bâtir une alternative sérieuse, autonome et crédible, capable de parler à tous les électeurs de gauche sans passer par l’entonnoir mélenchoniste.
Dans cette optique, l’idée d’une primaire reste acceptable pour lui, à condition qu’elle exclue Mélenchon et les siens. Faire croire qu’un grand rassemblement allant du NPA à François Hollande, en passant par LFI, serait possible, relèverait selon lui du fantasme pur. « Ce n’est pas sérieux », tranche-t-il. L’enjeu, martèle-t-il, est de construire une gauche non-mélenchoniste, claire dans ses valeurs et dans ses alliances.
Municipales : Jadot prêt à combattre ses propres alliés
Le discours de Yannick Jadot ne se limite pas à l’horizon présidentiel. Il s’en prend également aux alliances locales envisagées par les écologistes avec les Insoumis, notamment en vue des prochaines municipales. À Paris, il dénonce déjà toute proximité avec Sophia Chikirou, députée LFI controversée. Si un accord devait se concrétiser avec elle, il promet de s’y opposer ouvertement : « ils ne feront pas simplement campagne sans moi mais contre moi », prévient-il avec fermeté.
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Et il va plus loin : s’il le faut, il soutiendra les maires socialistes sortants contre des candidats écolos alliés à LFI. Il cite explicitement Johanna Rolland à Nantes et Michaël Delafosse à Montpellier, qu’il serait prêt à défendre au nom d’une cohérence politique indispensable. Pour lui, s’allier avec l’opposition quand on a bien travaillé dans une majorité municipale est non seulement absurde, mais irresponsable.
Un cap assumé : une gauche sans Mélenchon
Avec cette prise de parole offensive, Yannick Jadot trace une ligne politique nette. Celle d’une gauche qui ne se confond plus avec La France insoumise, qui ne veut plus dépendre d’un homme ni de ses méthodes. Une gauche écologiste, sociale et républicaine, capable de séduire au-delà de son socle traditionnel. Un message qui s’adresse autant aux électeurs qu’à la direction actuelle de son parti.
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La pression est désormais sur les épaules de Marine Tondelier. Elle devra choisir entre maintenir l’équilibre fragile de la Nupes — déjà moribonde — ou assumer une rupture stratégique et symbolique avec Mélenchon. Dans tous les cas, l’heure de la clarification semble inévitable.