Vingt ans après son duel perdu contre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal fait planer le doute sur un retour au premier plan politique. Entre ambition revendiquée et prudence stratégique, l’ancienne ministre se dit prête à incarner une alternative pour 2027, à condition que les règles du jeu soient claires.
Elle n’a jamais totalement quitté le paysage politique, mais la voilà qui revient dans le débat présidentiel. Dans une déclaration au Figaro, Ségolène Royal a affirmé être prête à concourir à la primaire du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2027, si celle-ci respecte « les statuts » et se déroule dans un climat respectueux. « Je ne vais pas me dérober », a-t-elle lâché, laissant entrevoir une ambition qui ne s’est jamais tout à fait éteinte.
Pourtant, l’ancienne candidate de 2007 joue la carte de la retenue : elle affirme qu’il est encore « trop tôt pour parler » et surtout pour se « faire démolir ». Un aveu lucide sur la violence du jeu politique, mais aussi un positionnement calculé à l’heure où la gauche cherche désespérément une figure d’unité.
Une primaire à gauche qui divise profondément
L’éventualité d’une primaire pour désigner un candidat commun à gauche crée une nouvelle ligne de fracture. Si Olivier Faure, premier secrétaire du PS, en a évoqué la possibilité, certains y voient une nécessité démocratique, d’autres un piège. Marine Tondelier (EELV), François Ruffin (LFI) ou encore des cadres socialistes s’y montrent favorables, convaincus qu’un tel processus serait l’unique moyen d’éviter un nouvel éparpillement fatal en 2027.
Mais Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, deux poids lourds de la gauche contemporaine, s’y opposent frontalement. Pour eux, une primaire ne résoudrait rien, voire accentuerait les divisions, en cristallisant des querelles de personnes au lieu de forger un projet commun.
Royal, une carte encore jouable pour la gauche ?
Ségolène Royal n’a jamais renoncé à peser dans la vie politique. En décembre dernier, elle se disait disponible pour succéder à Matignon à Michel Barnier, dans un scénario alors très hypothétique. Elle avait aussi proposé de mener une liste d’union aux élections européennes, tentative restée sans suite, mais révélatrice de son volontarisme persistant.
Aujourd’hui, elle se positionne comme une candidate « expérimentée », en marge des grandes figures actuelles de la gauche mais toujours capable de mobiliser. Forte de son passé présidentiel et de ses années d’engagement, elle espère incarner une synthèse, voire un recours, dans un contexte où le PS est en quête d’incarnation et de lisibilité.
Reste à savoir si les militants et les autres partis de gauche la suivront dans cette perspective. Si l’idée d’une primaire venait à se concrétiser dans les mois à venir, la présence de Ségolène Royal dans la course ne manquerait pas de rebattre les cartes.