À deux ans de l’élection présidentielle, les projections placent le Rassemblement national en position de force.
Que ce soit avec Marine Le Pen ou Jordan Bardella, l’extrême droite semble prête à franchir une nouvelle étape dans sa quête du pouvoir, malgré les incertitudes judiciaires qui planent sur sa figure de proue.
Le dernier baromètre Odoxa pour Public Sénat, publié le mardi 29 avril, confirme la domination de Marine Le Pen dans les intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2027. La cheffe de file du Rassemblement national, forte de son ancrage dans le paysage politique depuis plus d’une décennie, obtiendrait 32 % des suffrages, selon cette enquête. Ce score la placerait largement devant ses principaux rivaux : Édouard Philippe à 20 %, Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, chacun à 12 %.
Jordan Bardella, un plan B déjà prêt
Dans l’hypothèse d’un empêchement judiciaire de Marine Le Pen, le RN a déjà son alternative : Jordan Bardella, président du parti depuis 2022 et bras droit désigné de la candidate historique. Les sondages montrent que son potentiel électoral est quasi identique : il recueillerait 31,5 % des voix au premier tour, confirmant sa capacité à mobiliser un électorat désormais bien installé. La stratégie de continuité entre Le Pen et Bardella semble porter ses fruits, du moins sur le papier.
Le second tour : une barrière encore infranchissable ?
Si le Rassemblement national domine le premier tour, le second tour reste un obstacle de taille, comme en 2017 et 2022. Face à Édouard Philippe, les deux scénarios envisagés – avec Le Pen ou Bardella – aboutissent à une même issue : une défaite avec 46 % des voix contre 54 % pour l’ancien Premier ministre. Ce résultat met en lumière les difficultés persistantes du RN à élargir son socle au-delà de son électorat traditionnel, malgré des années de « dédiabolisation ».
Une condamnation qui complique le scénario
La dynamique du parti pourrait être perturbée par la condamnation de Marine Le Pen. Le 31 mars dernier, elle a été reconnue coupable de détournement de fonds publics par le tribunal de Paris, assortie d’une peine d’inéligibilité. Si son appel n’aboutit pas à une relaxe, elle ne pourra pas se présenter en 2027. Dans ce cas, Jordan Bardella deviendrait de facto le candidat du RN, un scénario déjà anticipé par le parti.
Bardella, l’héritier désigné
Marine Le Pen ne laisse planer aucun doute sur la succession : « Il est un atout formidable pour le mouvement et je le dis depuis longtemps », a-t-elle déclaré. Une phrase qui confirme la stratégie de continuité soigneusement préparée en interne. Toutefois, elle espère encore pouvoir mener elle-même la bataille : « J’espère ne pas avoir à user de cet atout plus tôt que nécessaire », a-t-elle ajouté. De son côté, Jordan Bardella a officialisé sa disponibilité ce mardi sur CNews, affirmant qu’il se porterait candidat si Marine Le Pen était empêchée.