Ce lundi 24 mars 2025, le plateau de BFMTV a été le théâtre d’un échange tendu entre Apolline de Malherbe et Jordan Bardella.
La journaliste a confronté le président du Rassemblement National sur la question de l’antisémitisme, ravivant les vieux démons du parti et les déclarations controversées de Jean-Marie Le Pen. Un débat qui en dit long sur les fractures politiques françaises.
Un entretien sous tension
L’émission commence par des questions attendues sur l’actualité brûlante : l’agression d’un rabbin à Orléans et les accusations d’antisémitisme visant La France Insoumise (LFI). Jordan Bardella dénonce une « banalisation de la haine », pointant du doigt les affiches de LFI, qu’il accuse de recycler des codes antisémites des années 1930. « On a un mouvement politique qui alimente le communautarisme et le discours de haine », assène-t-il, dans une charge frontale contre ses adversaires.
La question qui fâche
Mais le ton monte d’un cran lorsque Apolline de Malherbe pose une question provocatrice : « Pour le RN, l’antisémitisme, c’est vraiment grave grave… ou juste moyen grave ? » Le visage de Bardella se ferme instantanément. « Pourquoi dites-vous cela ? », rétorque-t-il, visiblement agacé. La journaliste rappelle alors l’épisode de 2015, où Marine Le Pen avait exclu son propre père, Jean-Marie Le Pen, après ses propos minimisant l’Holocauste. Un moment historique pour le RN, présenté à l’époque comme une rupture avec ses démons passés.
Le retour des fantômes du RN
Pourtant, depuis la mort de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen a exprimé des regrets publics, qualifiant son exclusion de « décision douloureuse » et avouant : « Je ne me le pardonnerai jamais. » Apolline de Malherbe en profite pour enfoncer le clou : « Est-ce que ça signifie que finalement, ce n’était pas si grave, ce qu’il avait dit ? » Une manière de questionner la sincérité du virage affiché par le RN. Bardella, lui, campe sur une défense émotionnelle : « Quand une fille parle de son père décédé, ce sont des mots personnels, pas politiques. »
L’antisémitisme, un combat sélectif ?
Le président du RN tente de retourner la polémique en dénonçant l’antisémitisme « qui gangrène la France », notamment à travers certains partis qu’il ne nomme pas directement. Mais la question sous-jacente demeure : le RN a-t-il vraiment tourné la page, ou reste-t-il prisonnier de son héritage controversé ? L’échange, aussi vif qu’édifiant, révèle les ambiguïtés d’un parti en quête de respectabilité, mais toujours rattrapé par son passé.
Au-delà des passes d’armes, cet entretien met en lumière un malaise plus profond : la difficulté des partis politiques à assumer leur histoire tout en se projetant dans l’avenir. Si Bardella dénonce avec virulence l’antisémitisme chez ses adversaires, il peine à dissiper les doutes sur la ligne réelle de son propre mouvement. Un paradoxe qui résume à lui seul les tensions idéologiques de la France d’aujourd’hui.