Dans un climat politique marqué par des tensions autour de l’immigration, Philippe de Villiers tente une nouvelle démonstration de force : une pétition exigeant un référendum sur le sujet.
Mais derrière le coup d’éclat du fondateur du Puy du Fou, de nombreuses voix pointent le manque de fiabilité du dispositif et des motivations plus stratégiques que citoyennes. Relayée massivement par des proches de Vincent Bolloré et des médias de sa galaxie, l’initiative de Philippe de Villiers a bénéficié d’un large écho sur les réseaux sociaux. Des figures comme Geoffroy Lejeune, directeur du Journal du Dimanche, s’émeuvent même du « peu d’écho » donné par les médias traditionnels, tout en saluant le rythme des signatures. Pourtant, cette pétition n’a rien à voir avec celle contre la loi Duplomb, qui avait réuni plus de 2,1 millions de soutiens via la plateforme officielle de l’Assemblée nationale.
Des méthodes très différentes de la plateforme parlementaire
La pétition contre la loi Duplomb avait un poids particulier : les signataires devaient s’identifier via FranceConnect, garantissant l’unicité et l’authenticité de chaque signature. Au-delà de 500 000 soutiens répartis sur 30 départements, une telle pétition peut même conduire à un débat dans l’hémicycle. Rien de comparable avec l’appel lancé par Philippe de Villiers, hébergé sur un site personnel et conçu avant tout pour collecter des contacts. Un internaute qui signe est invité à s’abonner à la newsletter du polémiste, ce qui interroge sur l’objectif réel de la démarche.
Un système facilement manipulable
Des tests réalisés par des médias, dont Le HuffPost, montrent qu’il est possible de signer plusieurs fois la pétition en créant des adresses électroniques différentes. Aucune vérification indépendante ne garantit la validité des chiffres annoncés. Les 600 000 signatures mises en avant par De Villiers et ses soutiens ne prouvent donc pas qu’autant de citoyens partagent réellement son appel. À titre de comparaison, une pétition identique déposée officiellement sur la plateforme de l’Assemblée fin juillet n’a recueilli que 1 800 signatures.
Un coup politique plutôt qu’un mouvement citoyen
Ce choix de contourner la plateforme officielle interroge : pourquoi Philippe de Villiers n’a-t-il pas soutenu la version authentifiée qui existe déjà ? Certains y voient une manœuvre politique visant à consolider une base de sympathisants en vue d’actions futures, plutôt qu’une véritable volonté de déclencher un débat parlementaire. Cette stratégie rappelle celle d’Éric Zemmour pendant la présidentielle de 2022, utilisant des pétitions pour enrichir son fichier de contacts.
Cette controverse montre à quel point les pétitions sont devenues des outils de communication politique dans une France polarisée. Tandis que les soutiens de De Villiers dénoncent le silence supposé des médias, d’autres soulignent que la crédibilité d’un chiffre dépend de règles strictes et vérifiables. Dans un contexte où les questions migratoires attisent déjà les passions, cette affaire révèle davantage un combat d’influence qu’une mobilisation populaire authentique.