À Touquet, la vente de la célèbre villa « Monéjan » appartenant à Brigitte Macron intrigue autant qu’elle éclaire une pratique peu connue du grand public. Derrière ce geste privé se cache une clause juridique qui, bien qu’ordinaire dans l’immobilier de luxe, soulève curiosité et spéculations.
Depuis avril, Brigitte Macron n’est plus propriétaire de la villa Monéjan, héritée il y a près de quarante ans et située dans le prestigieux « triangle d’or » touquettois. Cette maison de 250 m² avec jardin a été cédée pour 3,6 millions d’euros à un promoteur immobilier d’Arras. Pourtant, la Première dame continue d’y résider légalement : une situation rendue possible grâce à une clause inscrite dans l’acte de vente.
Le principe du « différé de jouissance »
Cette clause, appelée « différé de jouissance », autorise un vendeur à rester dans son logement après la signature de la vente et l’encaissement des fonds, pendant une durée convenue. Dans le cas de Brigitte Macron, elle pourra occuper la villa jusqu’au 31 décembre 2025, soit huit mois après la transaction. L’Élysée, contacté par Le Figaro, rappelle que cette affaire « relève de leur vie privée » et ne souhaite pas commenter davantage.
Une pratique fréquente dans l’immobilier de prestige
Pour les professionnels du secteur, ce type de clause n’a rien d’exceptionnel. Un notaire cité par Le Canard enchaîné explique que ce mécanisme est souvent négocié lorsque le bien est très convoité et que le vendeur peut imposer ses conditions. Il se souvient d’une vente similaire à Paris : un appartement de 150 à 200 m², cédé entre deux anciens élèves de Polytechnique, où le vendeur était resté un an sur place en attendant son nouveau logement acheté en VEFA.
Des exemples dans des ventes plus modestes
Le différé de jouissance ne concerne pas que les villas de luxe. Marie, 45 ans, raconte avoir accepté ce principe lors de l’achat de son appartement familial en banlieue parisienne. Les vendeurs souhaitaient finir l’année scolaire avant de déménager à Bordeaux ; elle a donc attendu trois mois supplémentaires pour emménager. Dans son cas, la proximité géographique et le coup de cœur pour l’appartement ont rendu l’attente supportable.
Cette clause est surtout favorable au vendeur, mais elle implique parfois des sacrifices financiers pour l’acheteur, qui doit patienter plusieurs mois tout en remboursant un prêt pour un bien qu’il n’occupe pas. Les notaires recommandent souvent aux acheteurs de négocier une légère baisse du prix de vente lorsque le différé dépasse un mois. Ils conseillent aussi de solliciter leur banque pour obtenir un différé de crédit, afin de commencer à rembourser uniquement au moment de l’emménagement.