Le débat autour du voile revient une nouvelle fois au cœur de l’actualité politique. Laurent Wauquiez, déterminé à durcir la législation, entend déposer une proposition de loi interdisant le port du voile pour les mineures dans l’espace public.

Une initiative qui rallume les tensions autour de la laïcité, de la protection de l’enfance et du rôle des parents. Selon des informations confirmées par plusieurs sources parlementaires, le chef de file des députés Les Républicains s’apprête à présenter une proposition de loi visant à interdire aux jeunes filles de moins de 18 ans de porter le voile dans l’espace public. Pour étayer son initiative, Laurent Wauquiez cite une étude Ifop publiée récemment : 44 % des jeunes musulmanes de 15 à 24 ans porteraient le voile, contre 16 % en 2003. Une évolution qu’il qualifie d’« alarmante ».
Dans son texte, il insiste sur « la protection de l’enfant » et la responsabilité parentale. Selon la proposition, aucun parent ne pourrait imposer ou autoriser sa fille mineure à dissimuler sa chevelure dans l’espace public. Une formulation volontairement ferme, qui vise à encadrer aussi bien les pratiques familiales que la visibilité de ce signe religieux.
Une polémique qui ravive les tensions à l’Assemblée

Cette initiative intervient dans un climat déjà chargé. Début novembre, l’Assemblée nationale a été secouée par une controverse : la présence d’écolières voilées dans les tribunes du Palais-Bourbon. Interpellée par le député RN Julien Odoul, Yaël Braun-Pivet avait jugé « inacceptable » que des enfants portent des signes religieux ostensibles dans ce lieu législatif symbolique. Elle invoquait alors la cohérence avec la loi de 2004, qui interdit ces signes dans les écoles publiques et lors des sorties scolaires encadrées.
En réponse, certains députés, notamment du MoDem, avaient dénoncé une polémique “inutile”, rappelant que le règlement intérieur de l’Assemblée ne mentionne aucun interdit concernant les signes religieux portés par les visiteurs. Une absence de cadre juridique qui complique encore le débat.
Arguments sécuritaires, inquiétudes sociétales et enjeux religieux
Pour soutenir sa proposition, Laurent Wauquiez mobilise également le rapport du ministère de l’Intérieur publié en mai, consacré aux Frères musulmans. Ce document fait état d’une « augmentation massive » du nombre de petites filles voilées. Pour lui, ces données traduisent un basculement qu’il juge incompatible avec les valeurs républicaines.
De son côté, le président du groupe MoDem Marc Fesneau, à l’origine de la venue des élèves au Palais-Bourbon, a mis en garde contre un emballement politique qui détournerait l’attention d’enjeux légitimes. Malgré tout, le débat public demeure polarisé : entre défense stricte de la laïcité, dénonciation d’ingérences religieuses et inquiétudes sur la stigmatisation des jeunes musulmanes.

Une opinion publique largement favorable à l’interdiction
Un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, publié en mars, indique que 69 % des Français soutiennent l’idée d’interdire le voile dans l’espace public. Un chiffre révélateur de la sensibilité du sujet, et de l’accueil que pourrait recevoir la proposition de loi déposée par Laurent Wauquiez.










