Alors que les placements traditionnels rapportent de moins en moins, un nouveau type d’investissement séduit les Français : les meubles vintage Ikea.
De simples objets du quotidien deviennent des trésors de seconde main. En 2025, la rentabilité se niche parfois dans un vieux fauteuil oublié au fond du salon.
La chute du Livret A : un tournant dans les stratégies d’épargne
Avec la baisse du taux du Livret A à 2,4 % en février, puis à 1,7 % annoncée pour août 2025, les Français cherchent des alternatives. Longtemps perçu comme une valeur sûre, ce placement emblématique ne permet plus de couvrir l’inflation ni de conserver le pouvoir d’achat. Face à ce rendement famélique – à peine 400 € par an pour un Livret A au plafond –, beaucoup s’interrogent sur l’intérêt de continuer à y déposer leurs économies. Et contre toute attente, c’est vers les étagères de leur propre maison que certains se tournent.
Meubles Ikea : d’objets banals à actifs lucratifs
Certains modèles Ikea, autrefois achetés pour une poignée d’euros, atteignent aujourd’hui des sommets sur le marché de la seconde main. Le phénomène, déjà visible aux États-Unis, explose désormais en France. Exemple : le fauteuil IMPALA de 1972, acheté à l’époque pour 37 €, s’est récemment vendu 2 300 € sur Selency, soit une rentabilité de plus de 6 100 %. Un rendement inimaginable pour un produit bancaire, et ce n’est pas un cas isolé.
Les pièces les plus recherchées s’envolent
Le succès ne concerne pas que quelques chanceux. Plusieurs modèles Ikea sont aujourd’hui activement recherchés par des collectionneurs et amateurs de design :
- La chaise Sky de Tord Björklund : jusqu’à 3 000 € selon l’état ;
- La suspension DUETT, vendue 8,90 € dans les années 80, s’échange aujourd’hui autour de 250 € ;
- L’étagère GUIDE de Niels Gammelgaard : passée de 65 € à 1 629 € ;
- Le bureau Signatur ou le canapé Poem : entre 2 500 et 3 000 € sur les plateformes spécialisées.
L’engouement est renforcé par le 80e anniversaire d’Ikea, qui a vu la marque rééditer certains de ses modèles emblématiques. Une stratégie qui stimule l’intérêt pour les versions originales, devenues de véritables pièces de collection.
Pourquoi ces meubles prennent-ils tant de valeur ?
Tous les meubles Ikea ne prennent pas automatiquement de la valeur. Leur rareté, l’état de conservation, le design signé et la série d’origine sont des critères déterminants. Le fauteuil Storvik en rotin, devenu quasiment introuvable, dépasse ainsi les 2 300 € lorsqu’il est en bon état. Même chose pour la VILBERT Chair de Verner Panton (1994), aujourd’hui cotée à 1 000 €.
Les collaborations récentes avec des designers comme Virgil Abloh (MARKERAD, 2019) ou Sabine Marcelis (VARMBLIXT, 2023) pourraient aussi devenir, dans quelques années, les nouveaux graals des collectionneurs. Un investissement à la portée de tous, bien plus stable et tangible que les cryptomonnaies ou la Bourse.
Le meuble, nouvelle valeur refuge des temps modernes
À rendement équivalent, un meuble Ikea peut s’avérer jusqu’à 100 fois plus rentable qu’un Livret A, tout en étant accessible dès quelques dizaines d’euros. Dans un contexte de défiance vis-à-vis des institutions financières et face à l’instabilité des marchés, ces objets design gagnent en légitimité comme placements de diversification.
Aujourd’hui, scruter les annonces de seconde main, chiner dans les brocantes ou fouiller son grenier devient un geste stratégique. Un vieux meuble suédois peut, contre toute attente, rapporter plus qu’un portefeuille bancaire bien garni. L’épargne change de visage — et de mobilier.