À peine revenue à la présentation du 20 heures de France 2, une figure phare du paysage audiovisuel français se retrouve déjà au centre d’une polémique.
Son traitement jugé biaisé de la mobilisation nationale du 10 septembre suscite de vives réactions syndicales et relance le débat sur la neutralité journalistique au sein du service public. Moins de deux semaines après sa prise de fonction, Léa Salamé essuie ses premiers remous médiatiques. Dans un communiqué publié mercredi soir, la CGT de France Télévisions reproche au 20 heures d’avoir tourné en dérision « la France qui manifeste pour ses droits et ses services publics ». Le syndicat insiste sur le fait que près de la moitié des Français soutiennent la mobilisation, selon plusieurs sondages, et dénonce un journal « réduit à une vision sécuritaire » où l’accent aurait été mis sur le maintien de l’ordre et les perturbations pour « la France qui travaille », plutôt que sur les raisons de la colère populaire.
Un traitement jugé réducteur et partial
Dans son communiqué, la CGT déplore la mise en avant de la formule “Nicolas qui paie”, reprise dans le reportage pour illustrer la question fiscale. Selon le syndicat, cette approche « réactionnaire » assimile injustement le mouvement social à une revendication « anti-impôts » et suggère un rapprochement implicite avec l’extrême droite. Le syndicat va jusqu’à ironiser sur la fin du journal, critiquant la séquence consacrée au cardinal Bustillo : « Un Richard Gere en soutane, qui nous prie de sortir de la lutte des classes. »
Le spectre d’un « journalisme de cour »
Pour la CGT, le traitement éditorial illustre un « journalisme de cour », éloigné des préoccupations sociales et de la complexité des mobilisations citoyennes. Le syndicat estime qu’une couverture partielle nuit à la crédibilité de l’information et met en danger les journalistes sur le terrain, exposés aux tensions et à la méfiance du public.
Un appel à la responsabilité éditoriale
La CGT demande à France Télévisions de rappeler ses équipes « à la nécessité de rendre compte de l’ensemble des revendications » et de protéger les reporters confrontés à des contextes de plus en plus tendus. Cette polémique souligne les défis auxquels est confronté le service public dans un climat de défiance croissante vis-à-vis des médias. Elle pose également la question de l’équilibre entre choix éditorial assumé et mission d’information impartiale.
Silence de la rédaction et incertitude
À l’heure où ces critiques s’enflamment sur les réseaux sociaux et dans les milieux syndicaux, ni Léa Salamé ni la direction de France Télévisions n’ont publiquement réagi aux accusations. Cette absence de réponse entretient le flou et laisse planer le doute sur la manière dont la rédaction compte aborder les futures mobilisations sociales. Les prochaines éditions du 20 heures seront scrutées avec attention par les syndicats, les téléspectateurs et le monde politique, pour vérifier si la promesse d’une information équilibrée sera tenue.