La transparence des élus est une exigence démocratique, mais elle peut parfois se transformer en affaire politique.
Depuis quelques jours, Éric Lejoindre, maire socialiste du 18ᵉ arrondissement de Paris, est sous le feu des critiques après la révélation de notes de frais controversées. La demande de publication de ces justificatifs, initiée par Enzo Morel, fondateur du mouvement citoyen Saccage Paris, a mis en lumière des pratiques jugées choquantes par une partie de l’opinion publique.
Parmi les frais épinglés, des écouteurs achetés à la Fnac durant ses vacances, une prestation de coiffeur pour le Nouvel An, plus de 6 400 euros de pressing et des repas au restaurant en compagnie de ses enfants. Des choix difficilement justifiables aux yeux de nombreux Parisiens, d’autant plus que ces dépenses sont remboursées sur fonds publics. Pour Charlotte Rocher, de l’Union parisienne, il s’agit d’un « abus des contribuables » qui devrait « faire la une de tous les médias ».
La colère monte chez certains élus
Sur les réseaux sociaux, l’affaire provoque une vive réaction. Paul Hatte, conseiller de Paris (Union capitale), dénonce une gestion quasi « monarchique » des indemnités. De son côté, l’eurodéputée Nathalie Loiseau s’est dite « vraiment en colère », affirmant que « faire payer sa lessive par les contribuables, c’est salir la politique ». La critique porte moins sur le dépassement des plafonds légaux que sur la nature même de ces frais, jugés inappropriés.
Un cadre légal strict mais contesté
En vertu de l’article L2123-19 du Code général des collectivités territoriales, les indemnités des maires parisiens sont plafonnées à 20 000 euros par an. Ni Anne Hidalgo, récemment critiquée pour ses propres dépenses, ni Éric Lejoindre n’ont dépassé ce plafond. C’est donc la légitimité de certaines factures — soins de beauté, pressing ou repas familiaux — qui concentre les critiques.
La défense du maire et de ses proches
L’entourage d’Éric Lejoindre cherche à désamorcer la polémique. Ses collaborateurs rappellent qu’il justifie chaque dépense auprès de l’administration et qu’il n’utilise pas l’intégralité de son enveloppe annuelle. Ils dénoncent également une attaque politique, alors que Rachida Dati, figure de l’opposition parisienne, vient d’être renvoyée en correctionnelle pour corruption.
Des précédents déjà connus
Ce n’est pas la première fois que l’édile se retrouve dans la tourmente. En 2023, le JDD avait déjà révélé des achats de costumes Hugo Boss à plus de 800 euros ainsi que d’autres dépenses vestimentaires sur des sites de vente privée. À l’époque, le maire s’était défendu en comparant ces frais à la fourniture d’un bureau ou d’un ordinateur par la Ville, arguant qu’il s’agissait de sa « tenue de travail ». Une justification qui peine aujourd’hui à convaincre face à la montée de l’exaspération des contribuables parisiens.
Cette controverse illustre le fossé grandissant entre élus et citoyens dans un contexte où l’on demande aux ménages de faire preuve de rigueur. Au-delà du cas personnel d’Éric Lejoindre, c’est la question plus large de l’exemplarité des responsables politiques qui se trouve posée. Une affaire qui, à l’approche des échéances électorales, pourrait fragiliser encore davantage la confiance des Parisiens envers leurs représentants.