L’affaire Pierre Palmade, mêlant drame humain et justice médiatisée, continue de susciter l’émotion.
Condamné à de la prison après un grave accident de la route sous l’emprise de stupéfiants, l’humoriste bénéficie désormais d’un aménagement de peine. Son bracelet électronique relance le débat sur la peine juste et la place des victimes.
En février 2023, Pierre Palmade provoque un accident d’une violence inouïe alors qu’il conduit sous l’effet de drogues. Trois personnes sont grièvement blessées, dont une femme enceinte qui perd son bébé. La stupeur est nationale. Jugé pour blessures involontaires, l’humoriste est condamné en novembre à cinq ans de prison, dont deux fermes. Il est incarcéré à la prison de Bordeaux-Gradignan, où il débute sa peine en milieu fermé.
Une libération sous bracelet électronique
Ce mercredi 16 avril, à 9 heures du matin, Pierre Palmade quitte sa cellule. La cour d’appel de Bordeaux a validé sa demande d’aménagement de peine : il effectuera le reste de sa condamnation sous surveillance électronique, à domicile. Une décision qui, bien que légale et encadrée, suscite l’incompréhension d’une partie de l’opinion publique.
La position nuancée de Me Mourad Battikh
Invité le 1er mai sur le plateau de C à vous, l’avocat de la famille des victimes, Me Mourad Battikh, revient sur ce dossier emblématique. S’il comprend la douleur des proches, il rappelle que le rôle de la justice n’est pas de venger, mais de juger avec équité. « Le rôle de l’avocat n’est pas de défendre un crime, mais de s’assurer que la peine reste juste », précise-t-il.
Une justice fondée sur l’équilibre, pas la revanche
Selon Me Battikh, la légitimité d’un jugement réside dans son équilibre et non dans son intensité punitive. Il souligne que la justice ne peut fonctionner sur le principe de la compensation affective : « Garder M. Palmade enfermé plus longtemps ne rendra pas à la famille ce qu’elle a perdu. Il n’y a pas de lien de cause à effet entre la souffrance des victimes et la durée d’incarcération du coupable. »
Une éthique professionnelle affirmée
Tout au long de son intervention, l’avocat insiste sur ses choix professionnels. Il admet avoir déjà refusé des dossiers lorsque la ligne de défense exigée ne correspondait pas à ses convictions personnelles. « Je ne prends pas un dossier si je dois défendre des arguments contraires à mes valeurs morales ou éthiques », affirme-t-il avec fermeté. Cette posture souligne la complexité du métier d’avocat dans des affaires hautement sensibles.
Interrogé par Yann Barthès sur son absence de choc face à la libération partielle de Pierre Palmade, Me Battikh réaffirme sa position : « Nous ne vivons pas dans une société de vengeance », déclare-t-il sans ambiguïté. Pour lui, l’idée de justice doit rester rationnelle, dépassionnée, et centrée sur la réparation dans les limites du droit. Ce n’est pas en durcissant arbitrairement les peines que l’on honore la mémoire des victimes, mais en défendant un système judiciaire équilibré.