L’automne politique a été rude pour Marine Le Pen. Écartée des urnes pour cinq ans après la confirmation de son inéligibilité par le Conseil d’État, la figure centrale du Rassemblement national traverse une zone de turbulences.

Et pendant que son parti prépare déjà l’après-Le Pen, la cheffe de file de l’extrême droite doit aussi affronter les offensives répétées du camp Zemmour, bien décidé à exploiter ses failles. En avril, Marine Le Pen a été condamnée dans l’affaire des assistants parlementaires européens du RN. La peine de cinq ans d’inéligibilité, désormais effective après son rejet par le Conseil d’État, l’empêche de concourir aux législatives et à la présidentielle. En interne, la succession s’organise : la présidente du RN a désigné Jordan Bardella comme héritier politique, un signal fort envoyé à sa base électorale alors que la présidentielle de 2027 se profile.
Reconquête allume la mèche : l’affaire du selfie

Dans ce contexte de fragilisation, le parti Reconquête s’est engouffré dans la brèche. Éric Zemmour, sur le réseau X, a relayé une photo montrant Marine Le Pen posant avec une adolescente voilée, image destinée à nourrir la polémique. La séquence choque d’autant plus que la députée avait déclaré en 2022 que le voile était « un uniforme islamiste », propos restés emblématiques de sa ligne dure.
Le débat musclé avec Jean Messiha
Invitée face à Jean Messiha sur C8 il y a trois ans, Marine Le Pen avait dû justifier ce cliché. Messiha, fidèle lieutenant de Zemmour, lui lance : “Pourquoi prends-tu une photo avec une femme voilée ?” Une attaque frontale, que Marine Le Pen balaie en expliquant qu’elle refuse de s’en prendre aux individus :
« Je vais te faire comprendre l’humanité… La différence entre lutter contre l’islamisme et s’attaquer à des jeunes filles qui veulent juste une photo. »
Une joute verbale révélatrice des fractures à l’extrême droite

Face caméra, Marine Le Pen hausse le ton. Elle accuse Messiha et Reconquête de “s’attaquer aux immigrés et non à l’immigration”, distinction qu’elle revendique comme centrale dans sa doctrine politique. Puis elle interpelle son contradicteur :
« Qu’est-ce que tu lui aurais fait ? Tu lui aurais arraché son voile ? Tu l’aurais maltraitée ? »
Messiha répond qu’il aurait simplement refusé la photo, ce à quoi Marine Le Pen réplique que dans son projet, une telle jeune fille aurait reçu une amende, mais pas de traitement humiliant.

Des échanges virulents qui en disent long
La confrontation tourne à l’affrontement personnel. Marine Le Pen accuse Reconquête de manier des “torchons” idéologiques quand elle affirme travailler sur des “textes préparés”. La tension reflète la rivalité féroce entre deux droites radicales : l’une cherchant à se normaliser pour atteindre le pouvoir, l’autre se positionnant sur une ligne plus dure et identitaire.










