Quarante ans après la découverte du corps du petit Grégory dans les eaux sombres de la Vologne, l’affaire qui a bouleversé la France refait surface.
Alors que le dossier semblait enlisé, la justice convoque à nouveau une figure familière du clan familial : Jacqueline Jacob, grand-tante de l’enfant, sera entendue le 5 septembre prochain. Le 16 octobre 1984, le petit Grégory Villemin, âgé de 4 ans, est retrouvé noyé, pieds et poings liés, dans la rivière vosgienne. Depuis, l’affaire s’est muée en un interminable feuilleton judiciaire, ponctué de soupçons, de rivalités familiales et de procédures annulées. Malgré les multiples rebondissements, la vérité n’a jamais émergé avec certitude, laissant une plaie béante dans la mémoire collective.
Jacqueline Jacob de nouveau convoquée
Selon L’Est Républicain, Jacqueline Jacob, déjà mise en examen en 2017 avec son mari Marcel, doit être réentendue par le juge en charge de l’instruction. Cette convocation découle d’une décision de la chambre de l’instruction de Dijon, qui avait ordonné un supplément d’information le 18 juin dernier. L’octogénaire pourrait être mise en examen pour « association de malfaiteurs criminelle », des soupçons liés à des menaces de mort adressées à la famille Villemin et à une revendication d’enlèvement et d’assassinat par lettre et appel téléphonique.
Des charges jugées fragiles par la défense
Pour Me Stéphane Giuranna, avocat de Jacqueline Jacob, les accusations sont « farfelues » et dénuées de fondement. Il dénonce une procédure reposant sur l’acharnement d’« un homme seul, contre tout le monde ». L’avocat s’insurge également contre le timing : convoquer sa cliente deux jours avant un procès majeur serait, selon lui, « piétiner la défense ». Le parquet général lui-même estime qu’aucun élément solide ne justifie à ce stade une nouvelle mise en examen.
Un fiasco judiciaire qui dure
De nombreux observateurs dénoncent un raté historique de la justice française. En 2024, la journaliste Patricia Tourancheau parlait du « plus grand ratage de l’histoire criminelle française ». L’ancien avocat Gérard Welzer rappelait déjà en 2020 que cette affaire avait fait plusieurs victimes collatérales : Grégory lui-même, Bernard Laroche — assassiné après avoir été innocenté — et le juge Jean-Michel Lambert, qui s’est donné la mort. Tous soulignent qu’en l’absence d’une preuve scientifique irréfutable, comme un ADN, l’affaire reste condamnée à l’incertitude.
Une énigme sans fin
Quarante ans après le drame, l’affaire Grégory demeure une cicatrice ouverte, symbole des failles de l’instruction et de l’obsession médiatique. La convocation de Jacqueline Jacob suffira-t-elle à éclairer les zones d’ombre ou s’ajoutera-t-elle à la longue liste des épisodes inachevés de ce dossier ? La justice, une fois encore, tente de ranimer une enquête où l’espoir de vérité se fait chaque année plus fragile.