Une simple compresse de gaze posée sur la peau pourrait bientôt révolutionner le diagnostic de la maladie de Parkinson.
Grâce à l’analyse des composants du sébum, des chercheurs britanniques et autrichiens ont mis en lumière un marqueur olfactif prometteur, capable de révéler la présence de la maladie bien avant les premiers signes moteurs. Depuis plusieurs années, des témoignages cliniques suggèrent que les patients atteints de Parkinson dégagent une odeur corporelle particulière, notamment dans les zones riches en sébum comme le dos ou le visage. Des chercheurs des universités de Manchester et d’Innsbruck ont décidé d’approfondir cette hypothèse en recourant à une technique de pointe : la désorption thermique couplée à la chromatographie en phase gazeuse et à la spectrométrie de masse (TD-GC-MS).
Cette méthode a permis d’analyser finement les échantillons de sébum prélevés sur 83 volontaires, dont 46 souffrant de Parkinson, 28 adultes en bonne santé, et 9 atteints d’un trouble du sommeil paradoxal isolé (TCSPi), un trouble considéré comme un précurseur de la maladie de Parkinson.
Des signatures chimiques identifiables dès les stades précoces
Les résultats de l’étude, publiés dans npj Parkinson’s Disease, sont révélateurs : les chercheurs ont identifié 55 composés volatils spécifiques dans le sébum qui diffèrent selon les groupes de patients. Ceux atteints de Parkinson présentaient un profil chimique très distinct, tandis que les personnes souffrant du TCSPi montraient des altérations intermédiaires, différentes de celles du groupe sain, mais pas aussi marquées que celles des patients malades.
Ce profil évolutif appuie une hypothèse majeure : la maladie de Parkinson pourrait laisser une « empreinte chimique » sur l’organisme bien avant que les symptômes visibles n’apparaissent. Deux participants atteints de TCSPi ont d’ailleurs été officiellement diagnostiqués comme parkinsoniens peu après leur participation à l’étude, confirmant l’intérêt du dépistage précoce.
Le sébum, une piste prometteuse pour le diagnostic précoce
Le sébum, substance naturellement produite par la peau, apparaît ici comme un matériau biologique idéal pour un dépistage non invasif. Facile à recueillir avec une simple compresse sur le visage ou le dos, il offre un accès pratique et répétable à des informations précieuses sur le métabolisme cutané.
Les scientifiques à l’origine de l’étude se félicitent de cette avancée : « Il s’agit de la première méthode moléculaire capable de diagnostiquer la maladie de Parkinson à son stade précoce ou prodromique », précisent-ils. Un potentiel immense pour améliorer la détection et la prise en charge précoce, notamment dans les consultations de routine chez les généralistes ou les neurologues.
Un espoir pour la surveillance clinique de la maladie
L’objectif désormais est clair : développer un test fiable et utilisable en milieu médical courant, capable de repérer la maladie avant l’apparition des tremblements, de la rigidité musculaire ou des troubles moteurs classiques. Cette détection anticipée permettrait de démarrer plus tôt les traitements ou les essais cliniques, dans l’espoir de freiner la progression de la maladie.
Alors que Parkinson touche environ 200 000 personnes en France et reste souvent diagnostiquée tardivement, un test simple et non invasif représenterait une avancée majeure dans la lutte contre cette pathologie neurodégénérative.