Le nom de Robert Badinter restera gravé à jamais dans la mémoire collective. Figure morale et politique majeure du XXᵉ siècle, il s’est éteint dans la nuit du 8 au 9 février 2024 à l’âge de 95 ans, laissant derrière lui un héritage indélébile : l’abolition de la peine de mort.
Ce 9 octobre 2025, la France lui rend un hommage d’exception lors de son entrée symbolique au Panthéon, sous la présidence d’Emmanuel Macron. Ce jeudi, à 18h30, la place du Panthéon s’apprête à accueillir une cérémonie solennelle et émouvante, retransmise en direct sur France 2 et ouverte au public depuis la rue Soufflot. Présentée par Julian Bugier et Nathalie Saint-Cricq, elle verra Julien Clerc interpréter son titre “L’assassin assassiné”, en hommage à celui qui fit abolir la peine capitale en 1981.
Pourtant, contrairement à d’autres illustres personnalités honorées au Panthéon, le corps de Robert Badinter ne reposera pas dans la crypte. Sa présence sera purement symbolique, fidèle à sa philosophie de modestie et de fidélité.
Un hommage empli de symboles choisis par son épouse
Élisabeth Badinter, son épouse et complice intellectuelle, a tenu à ce que la cérémonie soit sobre et profondément personnelle. Dans le cercueil présenté lors de l’hommage, quatre objets hautement significatifs ont été placés, comme le rapporte Libération :
Sa robe d’avocat, symbole de son combat pour la justice et la dignité humaine.
Trois ouvrages, incarnant à la fois la mémoire, la pensée et la transmission : Idiss, qu’il avait écrit en hommage à sa grand-mère juive d’Europe de l’Est ; Choses vues de Victor Hugo, figure des droits de l’homme ; et la biographie de Condorcet qu’il avait coécrite avec Élisabeth.
C’est d’ailleurs auprès de Condorcet, penseur des Lumières et défenseur des libertés, que Robert Badinter est honoré au Panthéon.
Le choix du repos éternel à Bagneux
Le corps du grand homme ne sera pas transféré au Panthéon. Ce choix résulte d’une promesse mutuelle entre Robert et Élisabeth Badinter : reposer ensemble dans le carré juif du cimetière de Bagneux, symbole de fidélité et de mémoire familiale.
« Ce qu’on voulait, c’est ne pas être séparés », confie la philosophe à Libération. Fidèle à sa discrétion, elle a refusé toute récupération symbolique, estimant qu’elle n’avait pas sa place parmi les grands du Panthéon, malgré son influence majeure sur le féminisme français.
L’esprit des Lumières et de la justice
L’entrée de Robert Badinter dans ce lieu de mémoire nationale consacre une vie entière vouée à la défense des droits humains, à la justice et à la raison.
Ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, il a mené la bataille décisive de 1981, abolissant la peine de mort au terme d’un discours resté dans l’histoire : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. »
Son engagement allait bien au-delà de cette victoire : défense des libertés fondamentales, lutte contre l’antisémitisme, combat pour l’Europe des droits.