C’est une scène digne d’un scénario catastrophe, mais elle s’est jouée dans la réalité. En 1966, lors du prestigieux Festival de Cannes, Claude Lelouch a vécu l’un des pires cauchemars pour un cinéaste : voir son film interrompu en pleine projection par une panne… alors que le moment le plus crucial de l’intrigue allait éclater à l’écran. Ce souvenir marquant ressurgit aujourd’hui, à l’occasion d’un vibrant hommage au chef-d’œuvre qui a changé sa vie.
Le film était prêt, le public composé de journalistes venus du monde entier, l’excitation à son comble. Ce matin-là, Claude Lelouch présentait pour la première fois Un homme et une femme à Cannes, lors de la projection presse. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à la scène clé : Jean-Louis Trintignant retrouvait Anouk Aimée, la tension dramatique atteignait son apogée… lorsqu’une panne de courant plongea la salle dans le noir. Un orage sur le mont Faron venait de faire disjoncter le rêve.
Un moment de panique absolue
« J’ai cru que j’allais mourir », confie aujourd’hui Claude Lelouch dans une interview pour Brut, partenaire du Festival de Cannes 2025. Il se souvient du désespoir qui l’envahit alors que les spectateurs, pensant la séance terminée, quittaient la salle. Aucun générique, aucune musique de fin… mais un silence électrique. Ce n’est que lorsqu’un haut-parleur annonce que le film n’est pas terminé que tout bascule. « J’ai vu les gens revenir en courant », se remémore-t-il. La magie opère à nouveau, comme un miracle cinématographique.
Du chaos à la consécration
Cette mésaventure aurait pu enterrer le film. Mais elle n’a fait que renforcer son destin. Quelques jours plus tard, Un homme et une femme recevait la Palme d’or des mains du jury présidé par Sophia Loren. Le film devient un succès mondial, élevant Lelouch au rang de maître du cinéma romantique. Il incarne dès lors cette alchimie rare entre hasard, émotion et talent brut.
Une œuvre devenue mythique
Au fil des décennies, le film acquiert un statut culte. La rencontre entre Anne et Jean-Louis, portée par la musique inoubliable de Francis Lai, devient l’une des scènes les plus iconiques du 7e art. L’anecdote veut même que Joe Biden, futur président des États-Unis, ait osé aborder Jill, sa future épouse, en évoquant ce film. C’est dire combien Un homme et une femme a traversé les frontières, les cultures… et les cœurs.
Une affiche éternelle pour une histoire d’amour intemporelle
En 2025, pour la 78e édition du Festival de Cannes, les organisateurs rendent hommage à cette œuvre fondatrice en l’inscrivant sur la double affiche officielle. Deux images du film ornent cette édition, célébrant « la fusion irradiante de deux êtres qui réconcilient avec la vie. » L’émotion née de ce couple mythique semble répondre à l’obscurité d’un monde parfois désabusé. Une lumière pure, née d’un amour filmé avec sincérité, qui continue de briller près de 60 ans plus tard.