La visite de Sébastien Delogu en Algérie, loin de renforcer les liens entre les peuples, a semé un trouble profond jusqu’au sein même de La France insoumise.
Entre déclarations personnelles, silence gênant sur des dossiers sensibles et recadrage officiel de son propre camp, le député marseillais se retrouve isolé, critiqué à gauche comme à droite. C’est au nom d’un « dialogue respectueux » entre la France et l’Algérie que Sébastien Delogu a effectué une visite à Oran et Alger, se rendant notamment sur la tombe de son grand-père et multipliant les gestes de fraternité à l’adresse du peuple algérien. Jusque-là, rien d’anormal, d’autant que l’élu LFI revendique un discours de paix et de réconciliation entre les deux pays.
Mais c’est lors de ses interventions médiatiques en Algérie que le député a provoqué la polémique. Il a accusé, à distance, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau d’insulter les Français d’origine algérienne et a vanté un accueil « exceptionnel » qu’il dit ne jamais avoir connu en France. Des propos jugés malvenus, voire provocateurs, dans le contexte actuel.
Un recadrage cinglant de La France insoumise
Face à la montée des critiques, La France insoumise a rapidement pris ses distances, publiant un communiqué officiel sur X (ex-Twitter) :
« Le député Sébastien Delogu s’est exprimé de façon personnelle en Algérie. Il n’engage ni les groupes parlementaires de La France insoumise, ni le mouvement. »
Ce désaveu clair vise à protéger le mouvement des retombées médiatiques de cette visite, et notamment du silence du député face à deux affaires brûlantes : la condamnation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal à cinq ans de prison et celle du journaliste Christophe Gleizes à sept ans pour « apologie du terrorisme », des faits dénoncés par plusieurs élus français mais totalement passés sous silence par Delogu.
Silence gênant sur les affaires Sansal et Gleizes
Ce mutisme a immédiatement été relevé par la presse et les internautes, qui accusent Sébastien Delogu d’hypocrisie et de duplicité. Alors que le journaliste sportif Christophe Gleizes n’a fait que se rendre en Algérie pour couvrir un sujet sur le football, aucune mention de son cas n’a été faite dans les médias locaux par Delogu, pourtant très loquace sur les liens franco-algériens.
Le député Éric Coquerel a tenté de rattraper le tir, réclamant publiquement la libération de Gleizes sur X, tout comme le compte officiel de LFI, qui a dû réaffirmer la position du parti. Une posture qui met en lumière un décalage flagrant entre la communication personnelle de Delogu et la ligne politique défendue par le groupe parlementaire.
Des réactions virulentes des deux côtés de la Méditerranée
L’affaire a également fait réagir du côté algérien, avec des messages particulièrement véhéments circulant sur les réseaux sociaux. Sous une publication de Jean-Luc Mélenchon, plusieurs internautes algériens ont violemment rejeté les critiques françaises, affirmant :
« L’Algérie est un pays souverain qui applique ses lois. On n’est pas venus vous exiger la libération des Algériens détenus dans vos prisons. »
D’autres messages, parfois insultants, reprochent à LFI de parler au nom de l’Algérie, ce qui renforce le sentiment de malaise autour de ce déplacement.
Une fracture au sein même des sympathisants LFI
Le recadrage de Delogu n’a pas été bien accueilli par tous. Certains militants insoumis dénoncent un « reniement » de l’esprit du mouvement, estimant que la direction nationale s’est couchée devant la pression médiatique. Pour eux, la position officielle fait preuve de frilosité et trahit l’ADN contestataire et internationaliste de LFI.
« Ça la fout mal pour un mouvement qui se veut insoumis d’être, sur ce coup-là, en totale soumission à la pensée réactionnaire de la frange de notre pays », écrit un sympathisant sur X.
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Une séquence qui fragilise un député déjà controversé
Sébastien Delogu, connu pour son style direct et ses coups d’éclat, se retrouve désormais en porte-à-faux, y compris dans son propre camp. Son autopromotion comme « fils de Dieu » ou « héritier de Mélenchon » a déjà suscité moqueries et malaise en interne. Cette nouvelle polémique pourrait bien l’éloigner un peu plus du cœur décisionnaire de LFI, où la discipline stratégique devient cruciale à l’approche des prochaines échéances électorales.