À peine nommé ministre du Travail et des Solidarités dans le gouvernement Lecornu II, Jean-Pierre Farandou se retrouve déjà au cœur d’une vive polémique.
Une phrase malheureuse prononcée en direct sur le plateau du 20 heures de France 2 a déclenché un tollé immédiat, ternissant sa toute première apparition publique en tant que membre du gouvernement.
Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, formé après sa reconduction à Matignon, affiche une continuité politique mais aussi quelques changements majeurs. Si Gérald Darmanin et Rachida Dati conservent leurs portefeuilles, de nouvelles figures font leur entrée, dont Édouard Geffray à l’Éducation nationale et Laurent Nuñez, ancien préfet de police de Paris, désormais ministre de l’Intérieur.
Mais c’est surtout la nomination de Jean-Pierre Farandou au ministère du Travail et des Solidarités qui a retenu l’attention. Ancien patron de la SNCF, ce Bordelais de 68 ans, passionné de rugby, connaît les rouages de l’entreprise publique sur le bout des doigts : il y a gravi tous les échelons depuis 1981.
Son arrivée a d’abord été saluée, notamment par Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, qui y voyait “un bon signal”. “On a eu un dialogue constructif quand il était à la SNCF, notamment sur l’accord lié à la pénibilité”, a-t-elle rappelé.
Un dérapage en direct sur le plateau de Léa Salamé
Mais l’enthousiasme aura été de courte durée. Invité mardi 14 octobre au journal de 20 heures de Léa Salamé, Jean-Pierre Farandou a voulu défendre la décision du gouvernement de suspendre la réforme des retraites jusqu’en 2028. “Une réforme est nécessaire, le problème avec notre système par répartition, c’est que les actifs payent pour les retraités. Il y a de plus en plus de retraités et de moins en moins d’actifs, donc il faut qu’on travaille plus”, a-t-il expliqué.
Jusqu’ici, rien d’anormal. Mais c’est la suite de sa phrase qui a choqué : “Mais on n’est pas sourds, on n’est pas autistes, on voit bien qu’elle passe mal, cette réforme.” En quelques secondes, le ton de l’interview a basculé. Le mot de trop était lâché.
Des excuses trop tardives
Rapidement, les réactions ont déferlé sur les réseaux sociaux. Internautes, associations et personnalités publiques ont dénoncé des propos jugés “handiphobes” et “inacceptables” pour un membre du gouvernement. “Ce monsieur est handiphobe ? Honteux ! 1er jour ministre : 1re boulette”, a écrit un internaute outré. D’autres ont fustigé “le manque d’empathie et la faiblesse du discours” du ministre.
Conscient du tollé, Jean-Pierre Farandou a présenté ses excuses dans la soirée sur X (ex-Twitter) : “En utilisant le terme d’autiste, mes propos ont blessé et ce n’était pas mon intention. J’en suis sincèrement désolé et je présente mes excuses.” Mais la polémique ne s’est pas éteinte pour autant. De nombreux internautes ont estimé que “le mal était fait”, certains allant jusqu’à réclamer sa démission immédiate.
Pour celui qui voulait incarner le dialogue social et la modération, ce faux pas tombe particulièrement mal. À peine nommé, Jean-Pierre Farandou voit son image écornée par une polémique de communication. Le contraste est saisissant : alors que son profil d’ancien dirigeant d’entreprise semblait rassurer les syndicats, il se retrouve désormais accusé d’un manque de tact et d’une méconnaissance du poids des mots.