À peine une semaine après sa nomination à Matignon, Sébastien Lecornu reçoit un avertissement appuyé de Michel Barnier. L’ancien Premier ministre, renversé en décembre dernier, l’invite à se méfier du Rassemblement national et suggère une stratégie d’apaisement avec le Parti socialiste pour stabiliser son gouvernement.
Lors d’un entretien sur Radio J, Michel Barnier a rappelé son expérience amère avec le Rassemblement national, qu’il rend responsable de sa chute : « J’ai des raisons de ne pas avoir confiance dans le RN, dans ce qu’il peut promettre ou ne pas promettre », a-t-il martelé. Selon lui, le vote des députés d’extrême droite est « totalement opportuniste », et Lecornu risquerait de connaître le même sort s’il comptait sur eux pour sécuriser sa majorité.
Le souvenir douloureux d’une censure
Barnier estime que la « conjonction des extrêmes » entre le RN et une partie de la gauche avait provoqué la censure de son gouvernement. Il exhorte donc son successeur à faire preuve de ténacité et de courage, et à engager un dialogue non seulement avec les partis politiques mais aussi avec les syndicats et les corps intermédiaires. L’enjeu : éviter une nouvelle crise institutionnelle dans un climat politique déjà instable.
Miser sur une « non-agression » du Parti socialiste
Parmi ses conseils, l’ancien commissaire européen préconise de tendre la main au Parti socialiste. Selon lui, une feuille de route budgétaire claire et un programme de réformes crédible pourraient convaincre les socialistes de ne pas voter une motion de censure. « Obtenir la non-agression, ou la non-censure notamment du PS » serait, d’après Barnier, une clé pour donner à Lecornu une marge de manœuvre suffisante et éviter un blocage parlementaire.
Un appel à la responsabilité politique
Barnier, aujourd’hui candidat à une législative partielle à Paris, appelle également le PS à « être responsable et à la hauteur des problèmes du pays ». Ce rappel à l’ordre illustre la fragilité de l’équilibre politique actuel, où chaque vote au Parlement peut faire ou défaire un gouvernement. Pour Lecornu, ces avertissements témoignent de la difficulté de gouverner dans un contexte de fractures partisanes profondes et de méfiance généralisée envers les alliances circonstancielles.