Jean-Luc Mélenchon a profité des universités d’été de La France insoumise, le 22 août dernier, pour lancer une violente charge contre les préfets et dénoncer les poursuites visant plusieurs élus de son mouvement. Un discours enflammé qui illustre sa stratégie de confrontation directe avec l’appareil d’État.
Sous les applaudissements de ses militants, le leader insoumis a affirmé sans détour : « Le devoir du préfet est de servir et d’obéir à la loi, et la loi, c’est que c’est lui qui se tait ». Selon lui, l’administration doit rester subordonnée à la volonté populaire et ne saurait se permettre d’intervenir dans le débat politique. Cette sortie fait écho à la plainte déposée par le préfet du Val-d’Oise contre Aurélien Taché, député LFI, après que ce dernier a déclaré sur X que « la police tue partout ».
Des menaces assumées contre l’appareil d’État
Jean-Luc Mélenchon est allé plus loin, menaçant directement ceux qui, selon lui, auraient cherché à intimider ses élus : « Tous ceux qui se seront abaissés à ces tentatives d’intimidation ne bénéficieront pas de prescription » en cas d’arrivée de LFI au pouvoir. Dans sa diatribe, il a visé un haut fonctionnaire proche de Bruno Retailleau, l’accusant d’avoir interrogé Rima Hassan sur sa nationalité. « Vichy, c’est fini. Vous avez perdu. Nous vous mettrons en prison avant que vous nous y mettiez », a-t-il lancé, dans une formule choc qui a marqué les esprits.
Une défense de ses élus poursuivis
Depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre 2023, le soutien affiché de LFI à Gaza a valu à plusieurs élus d’être convoqués par la police. Après Rima Hassan et Mathilde Panot, l’eurodéputée Emma Fourreau a récemment été entendue à Caen, à la suite d’un message se réjouissant de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant pro-palestinien condamné pour l’assassinat de deux diplomates dans les années 1980. Mélenchon a dénoncé une dérive inquiétante : « Quel genre de pays sommes-nous où un élu du peuple doit passer des heures à justifier ses positions politiques devant la police ? »
Un discours polémique mais stratégique
En évitant soigneusement de qualifier le Hamas de groupe terroriste, Jean-Luc Mélenchon poursuit une ligne politique qui suscite autant d’adhésion chez ses partisans que d’indignation chez ses opposants. Sa mise en cause des préfets et des poursuites judiciaires contre ses élus traduit une volonté assumée de faire de l’affrontement avec l’État et ses institutions un marqueur de la campagne à venir. Un pari risqué, mais qui entretient son image de tribun en guerre contre ce qu’il décrit comme un système verrouillé.