En Allemagne, la campagne des municipales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie prend une tournure inattendue. Six candidats de l’AfD sont décédés en l’espace de quelques semaines, un fait divers aussitôt récupéré par les figures du parti et amplifié par les réseaux sociaux, au risque d’alimenter les thèses complotistes.
Dans le Land le plus peuplé d’Allemagne, six candidats de l’AfD inscrits aux municipales du 14 septembre ont perdu la vie récemment. Cinq d’entre eux sont morts de causes naturelles, souvent liées à des maladies chroniques, tandis qu’un sixième s’est suicidé. La police, conformément à la loi, a mené des vérifications et écarte tout caractère suspect.
La récupération immédiate par l’AfD
La co-dirigeante du parti, Alice Weidel, a jugé « statistiquement impossible » une telle succession de décès, avant que son message ne soit relayé par Elon Musk. Ce rapprochement entre le discours politique et la sphère numérique a renforcé l’écho de l’affaire, suscitant une pluie de spéculations en ligne. Même le vice-président de l’AfD en Rhénanie, Kay Gottschalk, tout en concédant qu’aucune preuve n’existait, a entretenu le doute en déclarant que tous les cas seraient examinés de près.
Une aubaine pour les théoriciens du complot
Les autorités rappellent pourtant que d’autres partis ont aussi perdu des candidats : Les Verts, le Parti libéral ou encore le Parti de défense des animaux ont connu des décès similaires. Mais le climat de méfiance, entretenu par l’AfD et sa base numérique, nourrit l’idée d’un complot contre l’extrême droite. Pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce flou constitue « une aubaine pour les théoriciens du complot », dans une campagne où l’AfD cherche à apparaître victime du système.
Une campagne électorale sous tension
Ces municipales constituent un test crucial pour l’AfD, déjà deuxième force politique derrière la CDU après les législatives de février. Les sondages nationaux la créditent aujourd’hui de 26 % des intentions de vote, devant les conservateurs de Friedrich Merz. Dans cette région ouest-allemande, frappée par la désindustrialisation, le parti pourrait réaliser une percée avec près de 14 % des suffrages, soit neuf points de plus qu’au précédent scrutin local.
Une implantation en expansion
Pour les observateurs, l’AfD poursuit ainsi une « migration vers l’ouest » après avoir consolidé ses bastions à l’est. Des villes industrielles en crise comme Gelsenkirchen ou Duisburg pourraient devenir des points d’ancrage pour le parti. Selon le politologue Lothar Probst, cette dynamique repose sur une stratégie claire : se présenter comme alternative sociale au SPD, fragilisé dans ses propres bastions.
Un enjeu national derrière le scrutin
Avec 18 millions d’habitants, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie représente un poids électoral majeur. Un bon score de l’AfD dans ce Land conforterait son statut de première force d’opposition au Bundestag et renforcerait sa capacité à imposer ses thèmes dans le débat national. La succession de décès, loin d’entraver sa campagne, pourrait paradoxalement alimenter son discours victimaire et renforcer son attrait auprès d’un électorat en quête de rupture avec le système.