L’image d’un ancien président entrant à la prison de la Santé restera sans doute comme l’un des épisodes les plus saisissants de la Ve République.
En ce 21 octobre, Nicolas Sarkozy, condamné pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen, débute une détention qui interroge la justice, la politique et la société française tout entière.
Jamais depuis Jacques Chirac la justice française n’avait frappé aussi directement un ancien chef d’État. Nicolas Sarkozy, après l’échec de ses derniers recours, a rejoint la maison d’arrêt de la Santé. Cette incarcération, au-delà de son aspect judiciaire, symbolise un bouleversement politique majeur : celui d’une République qui juge ses propres dirigeants. Si la décision est saluée par certains comme la preuve d’une justice indépendante, elle suscite, à droite, un profond malaise. Les proches de l’ancien président dénoncent un acharnement, tandis que ses avocats s’activent déjà pour obtenir une remise en liberté rapide.
Une foule de soutiens émus devant son domicile parisien
Dès l’aube, plus d’une centaine de partisans se sont rassemblés devant la résidence parisienne de Nicolas Sarkozy. Les Marseillaises retentissent, des drapeaux tricolores s’agitent et les cris de “Nicolas ! Nicolas !” résonnent dans la rue. Philippe, un fidèle admirateur, confie à BFMTV : “Ça m’a fait de la peine, j’espère qu’il ne restera pas longtemps en prison.” Beaucoup ont répondu à l’appel des fils de l’ancien président. Dans cette atmosphère à la fois solennelle et bouleversée, la famille Sarkozy se serre les coudes : Carla Bruni, Jean, Louis et la jeune Giulia se tiennent aux côtés du patriarche. Cette mobilisation populaire, empreinte de ferveur et de loyauté, révèle la fracture émotionnelle et politique qui divise les Français autour du sort de l’ancien chef de l’État.
Une contre-offensive judiciaire déjà engagée
Pendant que la foule manifeste, les avocats de Nicolas Sarkozy préparent la riposte. Maître Christophe Ingrain, figure de son équipe de défense, déclare avec amertume : “Une seule nuit en prison est une nuit de trop.” L’avocat promet de déposer dès les prochaines heures une demande de remise en liberté. “Aucune raison objective ne justifie le maintien en détention de Nicolas Sarkozy”, martèle-t-il. Pourtant, la procédure est longue : la cour d’appel devrait examiner cette requête dans un délai d’environ un mois. D’ici là, l’ancien président devra se soumettre aux formalités d’incarcération, identiques à celles de tout détenu. Pour Me Ingrain, cette situation est “irréelle”, presque “délirante” : un président de la République derrière les barreaux, image inédite dans la France contemporaine.