La déchéance de la Légion d’honneur infligée à Nicolas Sarkozy a provoqué une onde de choc, au-delà des cercles politiques.
Son fils, Louis Sarkozy, est sorti du silence pour livrer un hommage bouleversant à son père, mêlant fierté filiale et critique acerbe d’un système qu’il juge ingrat. Le 15 juin 2025, Nicolas Sarkozy a été officiellement radié de l’Ordre de la Légion d’honneur, une décision sans appel liée à sa condamnation définitive à un an de prison ferme dans l’affaire dite des “écoutes” ou “affaire Bismuth”. Conformément aux règles de l’institution, toute personne condamnée à une peine privative de liberté ferme d’un an ou plus doit être automatiquement déchue de cette décoration.
L’ancien président de la République devient ainsi le deuxième chef d’État à perdre cette distinction après le maréchal Pétain. Une comparaison foudroyante qui pèse lourd, même si les circonstances historiques et morales sont sans commune mesure. Cette éviction s’inscrit dans une volonté de préserver l’intégrité de l’Ordre, mais aussi de rappeler que la dignité républicaine ne saurait survivre à une condamnation pénale définitive.
Louis Sarkozy : un fils offensé et combatif
Face à cette décision, Louis Sarkozy n’a pas tardé à faire entendre sa voix. Sur Instagram, il a publié une photo de son père en noir et blanc, l’accompagnant d’un texte aux accents lyriques et résolument solennels.
“Il est des Légions d’honneur que l’on ne perd pas,” écrit-il, évoquant les actes héroïques de Nicolas Sarkozy lors de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly en 1993. Il cite également la libération d’otages en Colombie, en Libye ou encore les infirmières bulgares, autant d’événements que le jeune homme érige en contre-argument moral à la sanction institutionnelle.
“Ces Légions-là vivent dans les sourires des enfants libérés”, affirme-t-il, soulignant que la reconnaissance du peuple aurait davantage de valeur que les décorations officielles. En d’autres termes, la mémoire populaire surpasserait la légalité formelle. Une posture qui interroge, car elle oppose symboliquement les vertus individuelles d’un homme d’État à la rigueur d’un système judiciaire.
Une défense qui révèle aussi une frustration plus personnelle
Ce message engagé intervient à un moment où Louis Sarkozy peine à faire exister sa propre voix dans le débat public. Son dernier ouvrage, Napoléon Bonaparte : l’Empire des livres, paru en mai 2025, n’a pas rencontré le succès espéré. Malgré une campagne médiatique visible, moins de 2 000 exemplaires ont trouvé preneur en deux semaines.
Le fils de l’ancien président, diplômé d’universités américaines prestigieuses, peine à s’imposer comme écrivain ou penseur public. Son statut d’héritier, sa posture souvent élitiste et son manque d’ancrage dans le paysage culturel français rendent ses prises de position parfois inaudibles.
D’où peut-être cette publication Instagram à fort impact émotionnel, qui lui permet de se repositionner dans le débat public à travers la figure paternelle. Louis Sarkozy y rejoue, symboliquement, le rôle de l’enfant loyal face à l’injustice, mêlant hommage filial et revanche politique.
Une famille Sarkozy de plus en plus sur la défensive
Depuis la confirmation de la condamnation de Nicolas Sarkozy, ses proches et partisans se mobilisent pour redorer son image. Si l’ancien président lui-même reste discret, de nombreux élus de droite dénoncent une “judiciarisation” excessive de la vie politique. Jordan Bardella, président du RN, a lui-même déclaré sur RTL que cette déchéance « choquait », y voyant « une volonté d’humilier un ancien chef d’État ».
La publication de Louis Sarkozy s’inscrit donc dans un climat où la justice et la mémoire présidentielle s’affrontent en silence. Mais elle révèle aussi l’impossibilité de faire le deuil d’un pouvoir déchu, pour une famille longtemps au cœur de l’État.