Condamné pour agressions sur deux femmes, Nicolas Bedos tente de renaître à travers l’écriture. Mais entre regrets publics, inquiétudes familiales et isolement progressif, le réalisateur de « La Belle époque » traverse une période sombre.
Sa mère, Joëlle Bedos, s’est exprimée avec franchise, dessinant le portrait d’un homme brisé, aux prises avec ses démons et en quête d’un avenir encore incertain.
En octobre 2024, Nicolas Bedos a été condamné à un an de prison, dont six mois avec sursis, pour des agressions sur deux femmes. Il a choisi de ne pas faire appel, acceptant la sentence et les conséquences médiatiques, judiciaires et professionnelles qui en découlent. Depuis, l’ancien golden boy du cinéma français peine à trouver sa place, écarté d’un milieu qu’il avait longtemps séduit par son intelligence, son insolence et son nom.
Dans ses prises de parole récentes, notamment sur le plateau de Léa Salamé dans Quelle époque !, il promeut son livre La Soif de honte, une confession à fleur de peau dans laquelle il revient sur ses fautes, sa déchéance et sa volonté de réparation. Un ouvrage qu’il présente comme un exutoire, un cri de remords, mais aussi un appel à ne pas être totalement rayé de la carte.
Le regard sans filtre d’une mère inquiète
C’est sa mère, Joëlle Bedos, qui livre sans détour l’un des témoignages les plus poignants autour de cette affaire. Dans une interview au Figaro, elle raconte son angoisse, sa colère contre les “fausses bonnes consciences de gauche”, mais surtout sa peur viscérale de perdre son fils.
“J’avais peur qu’il se foute en l’air. Écrire, ça l’a accompagné et peut-être sauvé.”
Elle évoque aussi les zones d’ombre d’un fils tourmenté, notamment lors de certains repas de famille où l’alcool désinhibait une colère verbale mal contenue :
“Il arrivait à Nicolas d’abuser du whisky coca… Guy (Bedos) lui disait : ‘Est-ce que tu m’as déjà entendu parler comme cela à ta mère ?’”
Ces souvenirs dressent le portrait d’un homme instable, fragile, aux prises avec une forme de colère intérieure qu’il peinait à canaliser. PUBLICITÉ:
Un homme qui ne se reconnaît plus
Dans son livre comme dans ses interviews, Nicolas Bedos évoque un sentiment d’effondrement existentiel. Il ne se projette plus. “Tu as perdu ton honneur, la possibilité de faire ton métier et de gagner de l’argent, mais quasiment aucun ami”, écrit-il. Il dit regretter surtout de ne pas être plus vieux… ou plus jeune.
“Plus jeune, je n’aurais pas commis ces erreurs. Plus vieux, ma vie serait finie, je serais en Italie à boire du Limoncello.”
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Entre désespoir lucide et ironie morbide, ces phrases traduisent un profond désenchantement. Même sa créativité, moteur de toute sa carrière, semble à l’arrêt. “Il n’a plus envie de créer”, affirme sa mère, résignée.
Peu d’amis lui sont restés fidèles. Il cite deux noms : Fanny Ardant et Maïwenn, deux figures connues pour leur distance critique vis-à-vis du mouvement #MeToo. Cette fidélité, s’il la salue, interroge aussi sur le positionnement qu’il continue d’adopter dans le débat public. Rares sont ceux, dans le monde artistique, à prendre ouvertement sa défense.