Rockeur au cœur tendre, Nicola Sirkis n’est pas seulement la voix mythique d’Indochine.
À 66 ans, l’artiste célèbre autant sa longévité musicale que son rôle de père, assumé avec pudeur, passion et parfois une pointe de chaos. Père de trois enfants nés de deux mères différentes, il entretient un lien profond et protecteur avec chacun d’eux, tout en gardant le mystère autour de sa vie privée.
Théa, sa fille aînée, née en 2001, est le fruit de son histoire d’amour avec la chanteuse Gwen B, également connue sous les noms de scène Gwen Blast ou Gwenaëlle Bouchet, ancienne membre du groupe Madinkà. Leur relation, très fusionnelle à l’époque, s’était concrétisée par un mariage en 2003, avant un divorce en 2009. Pourtant, Nicola n’a jamais tourné la page : « Je suis toujours amoureux de la mère de ma fille, c’est quelque chose d’indélébile, » confiait-il en 2017 à Paris Match, avec une sincérité désarmante.
Gwen B n’a pas été qu’une compagne, mais aussi une collaboratrice artistique. Elle a coécrit « L world » et interprété « Je t’aime tant » sur l’album La République des Météors (2009). Leur fille Théa, elle, semble avoir hérité de la fibre musicale paternelle : elle est apparue sur scène lors de festivals, affirmant un style affirmé et une allure androgyne qui rappelle un certain Nicola des années 80.
Après cette première paternité, Nicola Sirkis est devenu père de deux garçons : Alice-Tom en 2008, puis Jules en 2016, nés d’une autre relation avec une ancienne graphiste d’Indochine, dont l’identité a été soigneusement préservée. Très discret sur cette partie de sa vie, l’artiste n’en est pas moins un papa solo très impliqué, même s’il admet que le quotidien n’a rien d’un long fleuve tranquille. « Un œil sur la guitare, un œil sur la bagarre », résumait-il avec humour sur le plateau de Quotidien en 2020.
La différence d’éducation entre sa fille et ses fils l’a marqué. Avec Théa, la relation était plus posée, presque complice. Avec deux jeunes garçons, le rythme s’est accéléré, l’organisation aussi. Mais il veille sur eux avec la même intensité qu’il met dans sa musique, même si sa carrière parfois l’éloigne physiquement. Une culpabilité qu’il ne cache pas : « Je vis avec le sentiment constant que tous mes proches me manquent, même quand ils sont là. »
Nicola est aussi très présent dans la vie de Lou, la fille de son frère jumeau Stéphane, mort en 1999 des suites d’une hépatite C. Depuis ce drame, le chanteur s’est donné pour mission de protéger et accompagner sa nièce comme s’il s’agissait de sa propre fille. Un prolongement naturel de ce lien gémellaire intense qui unissait les deux frères. « Je sais que la mort ne prévient pas… Alors j’essaie de ne pas perdre de temps. »
Aujourd’hui, Nicola Sirkis est un père un peu débordé mais farouchement dévoué, un artiste éternellement amoureux de ses proches, habité par un sens profond du lien familial. Loin des feux tapageurs des people, il cultive une paternité à la fois rock, douce, chaotique et poétique, à l’image de ses chansons. Et dans l’ombre des projecteurs, ce sont sans doute ces rôles-là — de père, d’oncle, de guide — qui comptent le plus à ses yeux.