La tension monte au sein de La France Insoumise. Alors que le parti de Jean-Luc Mélenchon se veut être le porte-voix d’une gauche radicale unie, des révélations récentes viennent jeter une lumière crue sur ses méthodes internes.
Entre accusations de dérives autoritaires et conflits personnels, une figure emblématique, Clémentine Autain, prend ses distances.
Fruit de deux années d’enquête, La Meute, ouvrage signé par Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, dépeint un climat interne délétère au sein de la France Insoumise. Le livre dévoile un univers marqué par des comportements problématiques : harcèlement, menaces, et opacité financière seraient monnaie courante dans les coulisses du mouvement. Loin de l’image de bastion démocratique que veut projeter LFI, ces pratiques présumées viennent alimenter le malaise chez certains membres historiques.
Clémentine Autain, figure en rupture
Députée de la NUPES-LFI entre 2017 et 2024, Clémentine Autain a fini par tourner le dos au mouvement pour rejoindre le groupe écologiste et social (EcoS). Invitée sur le plateau de BFMTV, elle est revenue avec franchise sur les raisons de cette séparation. « Il n’est pas possible, au sein de la France Insoumise, de ne pas être d’accord », affirme-t-elle. Les débats stratégiques seraient tranchés sans véritable consultation démocratique, déplore-t-elle, ajoutant que la formation politique souffre d’une “culture viriliste” et d’un usage de l’intimidation devenu insoutenable sur le long terme.
Un échange tendu avec Apolline de Malherbe
Face à ces accusations, la journaliste Apolline de Malherbe a tenté de pousser l’analyse plus loin, évoquant des dérives autoritaires et une analogie avec certains totalitarismes du XXe siècle. Une comparaison que Clémentine Autain a aussitôt relativisée avec un sourire crispé : “N’exagérons rien non plus hein !” Si elle reconnaît un dysfonctionnement grave, elle refuse toutefois de sombrer dans les amalgames historiques, préférant concentrer ses critiques sur le manque de démocratie interne et l’ambiance de peur qui y régnerait.
Des conflits personnels qui alimentent les tensions
Au-delà des désaccords idéologiques, La Meute met aussi en lumière des affrontements personnels qui fracturent davantage le mouvement. Une dispute virulente aurait opposé Clémentine Autain à Sophia Chikirou, fidèle alliée de Jean-Luc Mélenchon. Le ton aurait été particulièrement agressif dans des messages échangés sur Telegram, juste après les élections européennes. Chikirou y accuse Autain de trahison, lui reprochant son absence durant la campagne et sa volonté présumée de se placer en vue de l’échéance présidentielle de 2027, sans réelle implication en 2024.
Une fracture révélatrice de tensions profondes
Cette altercation témoigne d’une guerre d’égos et de lignes stratégiques au sein de la France Insoumise, déjà fragilisée par des batailles internes depuis plusieurs années. Pour certains observateurs, ces disputes soulignent l’absence de structure démocratique claire dans un parti très centré autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon. Pour d’autres, le départ de figures comme Autain est le symptôme d’un malaise plus profond, et peut-être du début d’une recomposition à gauche.