Derrière l’aura flamboyante du rockeur, derrière la scène, les projecteurs et l’adrénaline, Johnny Hallyday a traversé des nuits bien plus sombres qu’on ne l’a longtemps imaginé.

Michel Drucker, son ami de toujours, revient aujourd’hui sur l’une des périodes les plus douloureuses de la vie du Taulier, lorsque celui-ci a frôlé l’irréparable, dévasté par l’angoisse, la solitude et l’épuisement.
Michel Drucker et Johnny Hallyday se sont connus jeunes, à une époque où ni l’un ni l’autre n’étaient encore devenus des figures incontournables. L’animateur raconte leurs moments de camaraderie, les fous rires, les souvenirs gardés loin des caméras, et cette simplicité que Johnny conservait malgré sa gloire. « Il ne se prenait pas au sérieux », confie-t-il, admiratif. Leur lien a traversé les décennies, la célébrité et les tempêtes.

Un artiste porté par une blessure intime
Mais derrière l’icône adulée, Michel Drucker évoque un homme fragile, marqué par une enfance chaotique. Abandonné très tôt, élevé par un oncle et une tante, Johnny porte toute sa vie la trace de ce manque originel. La scène devient un refuge, l’adrénaline un masque. « C’était quelqu’un de malheureux », dit Drucker. Il rappelle aussi un épisode glaçant : Johnny, seul, lors de l’enterrement de son père, un homme marginal, dont il n’avait jamais réellement reçu l’amour.
Les années 1965-1966 : le trou noir

Au milieu des années 1960, la carrière du chanteur bat dangereusement de l’aile. Le public s’éloigne, ses repères affectifs se fissurent, son couple avec Sylvie Vartan vacille. Harcelé par le fisc, épuisé nerveusement, Johnny sombre. C’est en 1965 qu’il est hospitalisé en Suisse pour une cure de sommeil. La dépression s’installe. Le monde l’encense… mais lui s’effondre.
La nuit où Johnny a voulu disparaître
Michel Drucker insiste : cette tentative de suicide est un épisode méconnu, mais déterminant. Le 10 décembre 1966, Johnny n’a que 23 ans. Acculé, il avale des barbituriques, de l’éther, et s’ouvre les veines. Amanda Sthers relate dans Dans mes yeux la scène terrible : un corps affaissé, du sang sur la moquette, la mort à quelques minutes près. C’est l’intervention in extremis d’amis proches qui lui sauve la vie. La France, elle, ne saura que bien plus tard ce qu’elle a failli perdre.

« Noir c’est noir » : renaissance d’un mythe
Lorsque Michel Drucker le retrouve après cet épisode, Johnny est terrorisé à l’idée de remonter sur scène. Il craint que le public l’ait oublié, qu’il ne soit plus « l’idole des jeunes ». Drucker, lui, croit en sa renaissance. « Tu vas faire un carton », lui glisse-t-il. Et il avait raison. Noir c’est noir devient un symbole : celui d’un homme revenu du bord du gouffre, décidé à brûler la vie sans jamais se retourner.










