Alors que la crise politique s’enlise, le gouvernement Macron tente de reprendre la main avec la présentation du budget 2026.
Ce texte, examiné le 20 octobre par la commission des Finances, mêle réformes fiscales et restrictions budgétaires. Mais une mesure en particulier a provoqué un tollé : celle visant les retraités les plus aisés.
Rien n’aura été simple pour Emmanuel Macron dans la quête d’un Premier ministre stable. Sébastien Lecornu, à peine parti, est déjà revenu. Démissionnaire quelques jours plus tôt, l’ancien ministre de la Défense a été reconduit à Matignon, un revirement qui a surpris jusqu’à ses proches. Âgé de 38 ans, il incarne la continuité macroniste tout en traînant déjà les marques d’un pouvoir éreinté par les crises. Avant lui, Michel Barnier puis François Bayrou s’étaient succédé à un rythme effréné : le premier, effacé ; le second, emporté par l’affaire Bétharram et un vote de confiance désastreux. Lecornu, lui, est revenu dans l’arène, contraint d’affronter un Parlement fracturé et une opinion exaspérée.
Le budget 2026, un champ de bataille politique
Le projet de budget 2026, défendu par Lecornu, ouvre une bataille parlementaire d’une rare intensité. Alors que le pays fait face à un déficit public historique, le gouvernement veut à la fois réduire les dépenses et financer la hausse de certains ministères stratégiques. Celui des Armées, par exemple, bénéficiera d’une enveloppe supplémentaire de 6 milliards d’euros. À l’inverse, d’autres budgets seront compressés ou gelés. Le gel des tranches de l’impôt sur le revenu, sans revalorisation malgré l’inflation, suscite déjà la colère des ménages. Le gouvernement prévoit également de taxer davantage les grandes entreprises et holdings, tout en poursuivant la rationalisation des aides publiques.
Des mesures fiscales qui divisent profondément
Au cœur de ce texte explosif, plusieurs amendements provoquent de vives tensions. Après la polémique sur la taxe du vapotage et celle concernant le remboursement de certaines maladies chroniques, le gouvernement s’attaque désormais à un symbole sensible : les retraités les plus aisés. L’exécutif propose de remplacer l’abattement actuel de 10 % sur les pensions de retraite par un abattement forfaitaire unique de 2 000 €. Une mesure présentée comme plus “équitable” mais qui, dans les faits, pèserait sur les plus hauts revenus parmi les séniors.
Les retraités fortunés dans le viseur de Bercy
Selon les chiffres avancés par Bercy, 1,6 million de foyers fiscaux seraient concernés, soit environ un quart des 6,8 millions de retraités imposables. L’État espère ainsi récupérer près de 1,2 milliard d’euros, dont 84 % proviendraient des 20 % des retraités les plus riches. “Un coup bas”, dénoncent plusieurs députés, rappelant que nombre de séniors concernés ont déjà vu leur pouvoir d’achat fondre avec l’inflation. Face à la contestation, la commission des Finances aurait finalement décidé, le 21 octobre, de supprimer cet article du projet de loi — un rétropédalage qui évite au gouvernement une nouvelle fracture politique.