Ce jeudi 15 mai, une série de perquisitions visant le député LFI Sébastien Delogu a relancé les tensions entre justice et sphère politique.
L’affaire, en lien avec un signalement effectué par l’élu lui-même, soulève de vives interrogations sur la protection des lanceurs d’alerte et la nature des méthodes employées par les autorités judiciaires.
Le domicile et la permanence parlementaire de Sébastien Delogu, député La France Insoumise des Bouches-du-Rhône, ont été perquisitionnés dans la matinée du jeudi 15 mai. L’information, révélée par Marsactu puis confirmée par BFM Marseille Provence, s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en octobre 2024, pour des faits particulièrement graves : vol, recel de vol, atteinte à la vie privée par publication en ligne et violation du secret des correspondances.
Une affaire aux ramifications complexes
L’origine de l’affaire remonte à septembre 2024, lorsque le député avait saisi le procureur de la République de Marseille, invoquant l’article 40 du Code de procédure pénale. Il dénonçait alors de possibles détournements de fonds au sein de la société Laser Propreté, prestataire de services de nettoyage pour la gare Saint-Charles et la RTM (Régie des transports métropolitains). Selon ses déclarations, l’objectif des enquêteurs lors des perquisitions était de récupérer les documents transmis à la justice dans le cadre de ce signalement.
Un député qui dénonce un renversement de logique
Interrogé par Marsactu, Sébastien Delogu se dit abasourdi par la tournure des événements. « Je trouve inacceptable que la justice me perquisitionne pour un recel de documents alors que je dénonçais des faits graves », déclare-t-il. Le député affirme avoir agi en toute transparence et dans le cadre de la loi, se présentant comme lanceur d’alerte dans une affaire d’intérêt public. Il estime donc être injustement visé par des manœuvres judiciaires.
Le soutien immédiat de Manuel Bompard
Face à cette situation, le député Manuel Bompard a exprimé sa solidarité avec son collègue, dénonçant une dérive inquiétante. Sur le réseau X, il rappelle l’existence d’un cadre légal destiné à protéger les lanceurs d’alerte, et s’étonne du ciblage spécifique dont Delogu ferait l’objet. « Pourquoi cet acharnement ciblé contre lui ? Pourquoi l’information a-t-elle été transmise à la presse immédiatement ? », interroge-t-il, pointant une opération à la fois brutale et médiatisée.
Une enquête financière au cœur du dossier
Le volet judiciaire a été confié à la brigade financière de la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS). Si les motifs de l’enquête incluent des infractions graves, la situation soulève un paradoxe : le signalant se retrouve désormais dans le viseur de la justice qu’il avait sollicitée. Un retournement de rôle qui pose la question des garanties réelles accordées à ceux qui dénoncent des abus présumés au sein d’une entreprise.
Un climat d’inquiétude dans les rangs de la NUPES
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de crispation entre certains élus de gauche et l’appareil judiciaire. Pour Manuel Bompard, cette perquisition s’apparente à une tentative d’intimidation politique. Il appelle à la fin de ces « campagnes d’intimidation » contre les députés insoumis et réclame que les protections prévues par la loi pour les lanceurs d’alerte soient appliquées pleinement.