L’attaque au couteau survenue mardi à Marseille continue de soulever des interrogations. Si cinq personnes ont été blessées et l’assaillant tué, c’est désormais la question de son maintien sur le territoire français qui nourrit un vif débat politique et judiciaire.
L’homme abattu par la police, un Tunisien de 35 ans, était titulaire d’un titre de séjour valide jusqu’en 2032. Déjà connu de la justice pour des faits récents, il avait inquiété sa propre famille, notamment son épouse, qui redoutait des violences. Malgré ces signaux, son statut administratif lui garantissait une présence légale en France, un point qui choque une partie de la classe politique.
Bayrou plaide pour l’expulsion
Invité de RMC et BFMTV, le Premier ministre François Bayrou a exprimé sa fermeté : « Il fallait le renvoyer, la justice peut suspendre une carte de séjour. » Selon lui, des individus présentant des troubles psychiatriques et dangereux pour autrui ne devraient pas bénéficier du droit au séjour. Mais il a aussi reconnu une limite : encore faut-il que leur pays d’origine accepte leur retour.
La critique des juristes : l’administration mise en cause
Sur le plateau des Grandes Gueules, l’avocat Charles Consigny s’est dit « effaré » par la délivrance d’un tel titre : « On devrait retrouver l’agent qui a signé ce document et lui demander des comptes. » Pour lui, l’administration aurait dû privilégier une OQTF (obligation de quitter le territoire français) plutôt qu’un permis de séjour longue durée. Cette approche met en lumière un dilemme récurrent : comment concilier contrôle administratif et respect des droits individuels.
Trois enquêtes en cours
Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’aucun élément ne justifie pour l’instant une saisine du parquet antiterroriste. Trois enquêtes distinctes ont toutefois été ouvertes : deux pour tentative d’homicide volontaire – l’une visant les passants blessés, l’autre les policiers menacés – et une troisième confiée à l’IGPN, comme le veut la procédure lorsqu’un tir policier entraîne la mort.