La tension monte dans les sphères de l’extrême droite française : entre Marion Maréchal et Jordan Bardella, le fossé politique et personnel semble désormais impossible à combler.
Alors que les municipales de 2026 se profilent, la rupture entre les deux figures montantes se confirme, sur fond de rancunes, de stratégie électorale et d’héritage familial encombrant. Depuis qu’elle a pris la tête du parti Identité-Libertés en octobre 2024 après avoir quitté Reconquête, Marion Maréchal entend incarner une droite identitaire et conservatrice, dans la continuité de ses engagements passés. Pourtant, ses appels à l’union des droites se heurtent à une fin de non-recevoir de la part de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, soutenu par Marine Le Pen. Le 30 juin, le bureau exécutif du RN a voté à l’unanimité contre toute alliance électorale avec le mouvement dirigé par l’ancienne députée du Vaucluse, notamment en vue des municipales de 2026.
Un revers que Marion Maréchal accueille avec une incompréhension teintée de rancœur : « Les chemins de l’union sont un combat, mais je n’en démordrai pas. (…) Je n’ai aucune explication politique à cet arbitrage, seulement des ressentis personnels. » Une déclaration révélatrice d’un climat délétère et d’un dialogue rompu.
Bardella-Maréchal : deux personnalités, deux stratégies
Si, devant les caméras, Jordan Bardella avait salué l’appel de Marion Maréchal à voter pour les candidats RN aux législatives de 2024, en coulisses, le courant ne passe pas. « C’est simple : Jordan Bardella n’aime pas Marion Maréchal », confie un cadre du parti à Le Figaro. Selon plusieurs responsables RN, la nièce de Marine Le Pen incarne une ligne jugée trop radicale, trop conservatrice, et trop marquée par l’époque du Front national, celui d’avant la « dédiabolisation » entreprise par Marine Le Pen.
À l’inverse, Jordan Bardella s’est imposé comme l’incarnation d’un RN modernisé, recentré stratégiquement pour élargir son électorat. À ses yeux, Marion Maréchal rappelle une image datée, et donc potentiellement nuisible dans un contexte de conquête du pouvoir. « Elle n’a jamais connu le RN version 2.0, elle a quitté le parti en 2017 », souligne un haut responsable du mouvement.
Une relation quasi inexistante
Leur relation personnelle est aussi froide que leur opposition politique. Selon Le Figaro, Bardella et Maréchal « ne se parlent quasiment jamais », même lorsqu’ils se croisent dans les couloirs du Parlement européen où ils siègent tous deux comme eurodéputés. Lors d’un déplacement commun en Israël en mars dernier, ils n’auraient échangé que quelques mots, malgré l’importance symbolique du voyage.
Une rencontre récente aurait eu lieu le 10 juillet à Strasbourg, dans une tentative d’apaisement. Mais selon plusieurs témoins, les tensions restent vives, et la distance entre les deux figures semble aujourd’hui irréconciliable.
Une fracture révélatrice au sein de l’extrême droite
La querelle entre Bardella et Maréchal dévoile les lignes de fracture persistantes au sein de l’extrême droite française. Derrière les sourires de façade, deux projets antagonistes s’affrontent : l’un plus pragmatique, prêt à des compromis pour accéder au pouvoir ; l’autre fidèle à une ligne dure, tournée vers les sphères les plus identitaires de l’électorat.
Pour certains anciens cadres du RN, écarter Marion Maréchal est une erreur stratégique. Mais pour Bardella, il s’agit d’une nécessité tactique, afin de préserver la nouvelle image du parti, débarrassée des fantômes du passé et tournée vers les échéances électorales de 2027.