Un mariage de rêve dans un décor de légende, mais à quel prix ? L’union de Jeff Bezos et Lauren Sanchez à Venise, fastueuse à l’extrême, soulève des critiques acerbes. Entre luxe tapageur et préoccupations écologiques, la dolce vita prend un goût amer sous le regard des défenseurs de la Sérénissime.
Venise, joyau de l’Italie, a été le théâtre d’un mariage d’une opulence rarement égalée. Du 26 au 28 juin 2025, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et quatrième fortune mondiale, a célébré ses noces avec Lauren Sanchez dans un décor de conte de fées… mais avec une logistique de milliardaire. Au programme : des hôtels cinq étoiles entièrement privatisés, des palais historiques réservés aux festivités, un ballet incessant de vaporetto de luxe et la présence de 200 invités triés sur le volet, dont Leonardo DiCaprio, Oprah Winfrey, Orlando Bloom ou encore Bill Gates.
Une déferlante de jets privés
Au moins 95 jets privés étaient attendus à l’aéroport, selon Il Corriere della Sera. Une arrivée en masse qui scandalise dans une ville déjà submergée par le surtourisme. Venise, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, fait face depuis des années à une montée alarmante des eaux et à une saturation touristique qui menace son écosystème. L’irruption de ce mariage ultra-médiatisé n’a donc fait qu’aggraver les tensions.
Une demande jugée déplacée
Sur les cartons d’invitation, les futurs mariés ont surpris leurs invités par une requête inhabituelle. Pas de cadeaux personnels, mais des dons à trois institutions vénitiennes : la commission locale de l’UNESCO, le CORILA (organisme de recherche dédié à la protection de la lagune) et l’université internationale de Venise. Une initiative qui se voulait généreuse et symbolique : « Ce lieu magique nous a offert des souvenirs inoubliables », écrivent-ils, espérant que leurs efforts permettront à Venise de continuer à émerveiller les générations futures.
Une générosité perçue comme cynique
Mais ce geste, jugé élégant sur le papier, est loin d’avoir fait l’unanimité. Pour Greenpeace et d’autres collectifs écologistes, cette stratégie s’apparente à une forme de greenwashing sentimental. En clair : une opération de communication habile pour masquer les effets dévastateurs de l’événement. Entre les allées et venues d’avions privés, la privatisation de lieux historiques et la mise sous tension des infrastructures locales, le bilan carbone du mariage est tout sauf anodin.
Une ville transformée en décor de cinéma
L’espace de trois jours, la Sérénissime s’est muée en plateau de tournage pour ultra-riches. Mais cette transformation n’est pas sans conséquence. Venise n’est pas un village de vacances, rappellent les militants locaux, mais une ville vivante, habitée, vulnérable. À force de devenir la destination favorite des milliardaires pour leurs caprices somptueux, c’est toute son authenticité qui vacille. Et avec elle, son patrimoine.
Une union inoubliable, mais à quel prix ?
Jeff Bezos voulait un mariage qui marque les esprits. Il l’a eu, mais pas de la manière espérée. Derrière les flashs des photographes et les bulles de champagne, ce sont les protestations, les questions éthiques et les avertissements environnementaux qui résonnent. Le mariage Bezos-Sanchez restera gravé dans l’histoire vénitienne, mais non comme une idylle romantique : plutôt comme un symbole criant du fossé entre les élites mondiales et les réalités locales.