À deux ans de la fin de son second mandat, Emmanuel Macron garde ses intentions pour lui. Si la Constitution lui interdit formellement de briguer un troisième mandat consécutif en 2027, rien n’exclut qu’il puisse se représenter… en 2032.
Une hypothèse que le président laisse ouverte, sans l’assumer pleinement. Pour l’heure, il affirme vouloir aller « jusqu’au bout » de sa mission. Invité de TF1 ce mardi 13 mai, Emmanuel Macron a abordé la question sensible de l’après-Élysée. Interrogé sur ses ambitions futures, il a préféré botter en touche : « Je n’ai pas réfléchi. Quand j’aurai fini ce mandat, je réfléchirai à la suite. » Pour l’instant, dit-il, son unique priorité reste la France et la conduite de son mandat jusqu’en 2027. Un message de responsabilité… mais aussi une manière habile de ne pas fermer la porte à un possible retour.
Une interdiction constitutionnelle… mais temporaire
La Constitution française, depuis la réforme de 2008, interdit formellement à un président de se présenter pour un troisième mandat consécutif. Emmanuel Macron, élu en 2017, puis réélu en 2022, ne pourra donc pas être candidat en 2027. Mais rien, juridiquement, ne l’empêche de tenter un retour lors du scrutin de 2032. À 49 ans, lorsqu’il quittera l’Élysée, il pourrait encore envisager une carrière politique de long cours.
Une réforme qu’il n’a jamais digérée
Le président n’a jamais caché ses réserves quant à cette limitation. Lors de la « rencontre de Saint-Denis » à l’été 2023, réunissant les chefs des partis, Emmanuel Macron avait qualifié cette règle de « funeste connerie », selon plusieurs témoins. Une formule crue, révélatrice de son agacement face à ce verrou institutionnel introduit sous Nicolas Sarkozy. Dans les cercles proches du pouvoir, l’idée d’un retour différé circule avec de plus en plus de sérieux, même si elle reste taboue publiquement.
Une hypothèse inédite sous la Ve République
Depuis 1958, aucun président français n’a tenté un tel retour après deux mandats. Charles de Gaulle, seul à avoir frôlé cette possibilité, s’est retiré après dix ans de pouvoir, à la suite de l’échec du référendum de 1969. Ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac – qui ont pourtant cumulé 14 et 12 années de présidence – n’ont envisagé de revenir pour un troisième tour. Si Emmanuel Macron décidait de se représenter en 2032, il ouvrirait donc une voie totalement inédite dans l’histoire politique contemporaine.
Une stratégie d’attente calculée
En affirmant ne pas avoir « réfléchi », Emmanuel Macron se donne du temps tout en laissant planer le doute. Ce flou lui permet de garder la main sur sa succession et d’éviter de se placer en retrait trop tôt. Il offre également à ses soutiens la perspective d’un avenir post-2027, alors que les macronistes peinent à faire émerger une relève incontestable. Une troisième candidature – même différée – pourrait ainsi devenir le pivot d’une recomposition politique d’ampleur.