En à peine vingt-sept jours à Matignon, Sébastien Lecornu aura provoqué une onde de choc politique d’une ampleur inédite. Sa démission, présentée ce lundi 6 octobre 2025 à Emmanuel Macron, a mis le feu aux poudres et ouvert une crise institutionnelle majeure.

Entre appels à la dissolution, à la démission du président, et fractures au sein même de la majorité, la classe politique française s’est embrasée. Ce lundi matin, à 8 h 30, Sébastien Lecornu s’est rendu à l’Élysée pour remettre sa démission, acceptée dans la foulée par Emmanuel Macron. Moins d’un mois après sa nomination, le Premier ministre quitte donc un poste devenu ingouvernable. La veille encore, il annonçait une partie de son gouvernement — un remaniement critiqué pour sa proximité avec le chef de l’État.
Cette volte-face précipite l’exécutif dans une zone de turbulence sans précédent, où les équilibres politiques déjà fragiles explosent au grand jour.
L’opposition réclame une dissolution immédiate
Les réactions n’ont pas tardé. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a été le premier à dégainer :
« Il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes et sans la dissolution de l’Assemblée nationale », a-t-il déclaré.
Quelques instants plus tard, Marine Le Pen a renchéri, estimant qu’une dissolution était “absolument nécessaire” et allant jusqu’à juger “sage” une éventuelle démission d’Emmanuel Macron. Pour le RN, cette séquence confirme l’épuisement d’un pouvoir “déconnecté du pays” et ouvre la voie à une recomposition totale du paysage politique. PUBLICITÉ:
La gauche réclame un tournant historique

Sur le plateau de BFM, le socialiste Philippe Brun a profité de la crise pour réclamer un Premier ministre issu de la gauche :
« Nous sommes prêts à assumer les responsabilités du pays. Les socialistes ne se déroberont pas. »
Mais du côté de La France insoumise, le ton est bien plus radical. Sur X (ex-Twitter), Mathilde Panot a lancé : « Le compte à rebours est lancé. Macron doit partir. » Plusieurs figures du mouvement, dont Raphaël Arnault et Sophia Chikirou, ont emboîté le pas, tandis que Jean-Luc Mélenchon a exigé “l’examen immédiat de la motion de destitution du président”, déjà signée par 104 députés.
Les écologistes, par la voix de Marine Tondelier, ont également convoqué un conseil politique d’urgence, estimant que “les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences” : un macroniste à Matignon après une défaite électorale ne pouvait, selon elle, que conduire à une nouvelle impasse.
La droite fracturée et en pleine confusion
Chez Les Républicains, la cacophonie règne. David Lisnard, maire de Cannes et vice-président du parti, appelle purement et simplement à la démission d’Emmanuel Macron, jugeant qu’“il est le premier responsable de cette situation absurde”.
Pendant ce temps, Valérie Pécresse prône un référendum national sur l’immigration et les finances publiques, tandis qu’Éric Ciotti, furieux du retour de Bruno Le Maire au gouvernement, parle de “derniers soubresauts d’un système déliquescent” et réclame une élection présidentielle anticipée.
Quant à Bruno Retailleau, dont la réunion à LR aurait précipité la chute de Lecornu, il reste silencieux mais semble désormais isolé.
Malaise et désarroi dans la majorité

Face à ce tumulte, la majorité macroniste tente de sauver les apparences. Éléonore Caroit, députée Ensemble, confie son “inquiétude” :
« On assiste à un spectacle que nous n’avons pas choisi. Notre groupe veut continuer à travailler, pas à s’entre-déchirer. »
Même ton inquiet du côté du gouvernement démissionnaire. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, appelle au “ressaisissement collectif” :
« Comme beaucoup d’entre vous, je désespère de ce cirque où chacun joue son rôle sans assumer ses responsabilités. »
Son message vise clairement à dénoncer les calculs politiciens, alors que le pays est désormais sans Premier ministre effectif. PUBLICITÉ:
L’opinion publique désabusée et un président acculé
Cette nouvelle crise politique, la quatrième depuis 2022, met Emmanuel Macron au pied du mur. Ses marges de manœuvre sont quasi nulles :
Nommer un nouveau Premier ministre risquerait d’attiser la colère du Parlement ;
Dissoudre l’Assemblée exposerait la majorité à une débâcle électorale ;
Et démissionner reviendrait à acter l’échec total de son second quinquennat.
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L’opposition, toutes tendances confondues, appelle désormais à un retour aux urnes, chacun espérant en tirer avantage. Mais dans les couloirs de l’Élysée, une seule question hante les esprits : la Ve République peut-elle encore tenir ?










