En venant s’installer à Lyon il y a deux ans, Camélia, originaire de l’Isère, a téléchargé directement les applications qui mettent en contact les chauffeurs VTC avec les clients afin de se déplacer dans la ville. « Pour moi, c’était enfin l’indépendance, la possibilité d’aller d’un point A à un point B pour mes trajets personnels en un instant », dit-elle.
Cependant, elle est vite rattrapée par la dure réalité. « Un trajet sur quatre est annulé lors de ma commande », explique la jeune femme de 29 ans. Pourquoi ? Souffrant d’une maladie des os de verre, elle est en fauteuil roulant depuis l’âge de cinq ans et les conducteurs refusent de la prendre à bord.
» Le véhicule arrive, me voit et continue sa route « .
Au moment de s’inscrire à l’appli, y compris à Bolt, la jeune femme a demandé aux personnels de bord si son handicap posait problème. « Ils m’ont répondu qu’il n’y avait aucun problème et m’ont même dit que je n’avais pas à mentionner que j’étais une personne à mobilité réduite (PMR) pour chaque trajet ».
Les conducteurs n’ayant aucune option visible, Camélia préfère prévenir les conducteurs par des messages pour éviter les situations gênantes. « Parfois, la voiture arrive, voit que je suis en fauteuil roulant et continue sa route sans s’arrêter. Ou bien ils m’appellent pour me dire que le trajet est annulé et je dois réessayer de trouver quelqu’un qui m’accepte.
Une situation qu’elle a fini par accepter. C’est un fait que lorsque l’on est une personne handicapée, tout est source de tracas au quotidien », poursuit-elle. « Faire ses courses, trouver un logement adapté, avoir une voiture, les transports en commun, donc les VTC aussi. »
La jeune fille en est tellement imprégnée que c’est ses proches qui lui remettent en mémoire « toutes les fois » où elle a été discriminée. Nourredine, son père, évoque « de nombreux refus inexpliqués » et des « injustices » envers sa fille.
Un million de vues et des milliers de soutiens
La jeune femme dit qu’habituellement, elle ne « s’attire pas d’ennuis ». Cependant, il y a quinze jours, elle décide de poster son calvaire et son épreuve sur les réseaux sociaux. En une vidéo de trois minutes, elle a fait partager à sa communauté d’un peu plus de 6 500 personnes sur TikTok, sa vie quotidienne, ce qui a totalisé plus de 1,2 million de vues en trois jours. » Le chauffeur est allé trop loi. En plus de me refuser la course, il m’a humiliée en me faisant payer des frais d’annulation sans être pénalisée « .
La mise en place d’un outil pour les PMR « dans les prochains mois ».
Par ailleurs, sur d’autres applications, comme Heetch, cette « option PMR » existe bien et sur Uber aussi, un dispositif a été mis en place « mais Lyon n’est pas Paris », insiste la jeune femme qui galère pour trouver des chauffeurs. Elle précise : « Parce qu’on a un handicap, on n’a pas le droit de se tourner vers un service de mobilité partagée ? Je me sens différente et on me le rappelle constamment ».
Pour sa part, la plateforme en question nous assure qu’elle « ne tolère aucune forme de discrimination » et « prend cette situation très au sérieux ». « Nous avons ouvert une enquête interne pour comprendre ce qui s’est passé avec ce chauffeur, avec qui nous sommes en discussion », a précisé un porte-parole de Bolt. Il a précisé que l’entreprise ne peut pas imposer de trajets.