À Roland-Garros, certains destins basculent en quelques échanges. Ce 4 juin 2025, c’est celui de Loïs Boisson qui a chaviré sous les acclamations du court Philippe-Chatrier.
Encore quasi inconnue il y a quelques semaines, la Française de 22 ans a signé un exploit monumental en se hissant en demi-finale du tournoi parisien. Mais derrière cette percée fulgurante, se cache une résilience exceptionnelle. Il y a un an à peine, Loïs Boisson pensait peut-être en avoir fini avec le tennis de haut niveau. Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche, à deux semaines de Roland-Garros 2024, la joueuse est confrontée à une blessure qui, pour beaucoup, scelle une carrière avant même qu’elle n’ait réellement commencé.
Mais c’était sans compter sur la détermination farouche de la jeune Savoyarde. Le Dr Bertrand Sonnery-Cottet, spécialiste de la chirurgie du genou, se souvient d’une patiente d’une rare exigence : « Elle posait des questions sur chaque détail, elle voulait tout comprendre, jusqu’à mes publications scientifiques. » Pas question pour elle de subir. Elle a pris en main sa rééducation comme un combat.
De l’ombre à la lumière en quelques semaines
En début d’année, Loïs Boisson pointait encore au-delà de la 300e place mondiale. Autant dire loin des radars. Mais son retour sur le circuit a été fulgurant. Et à Roland-Garros, elle a explosé au grand jour en éliminant Mirra Andreeva, 6e joueuse mondiale, au terme d’un match âpre, haletant, remporté 7-6, 6-3.
Une performance qui ne doit rien au hasard. Son jeu, solide et intelligent, est taillé pour la terre battue : coup droit lifté redoutable, sens de la variation, et une endurance bluffante. Mais c’est surtout son sang-froid dans les moments clés qui impressionne. Elle joue sans complexe, portée par une foi inébranlable dans ce qu’elle est venue chercher.
Une trajectoire guidée par le sport depuis l’enfance
Fille de Yann Boisson, ancien basketteur professionnel, Loïs a grandi entre Chambéry et Nice, baignée dans un univers de discipline et de performance. Si elle a d’abord envisagé une carrière dans le basket, c’est finalement sur les courts de tennis, à Beaulieu et Nice Giordan, qu’elle forge sa base.
Aujourd’hui, elle s’entraîne à l’All In Tennis Academy de Lyon, structure de pointe fondée par Jo-Wilfried Tsonga. Un environnement exigeant, mais stimulant, qui lui a permis de remonter la pente plus vite que prévu après sa blessure. Son ascension actuelle, aussi inattendue que brillante, porte la marque d’un travail acharné.
Une percée qui change tout
Avant Roland-Garros, Loïs Boisson avait amassé environ 129.000 euros de gains depuis ses débuts professionnels. Une somme modeste, reflet d’un parcours encore en construction. Mais avec cette épopée parisienne, elle a déjà multiplié ses revenus par cinq, empochant au minimum 690.000 euros.
Et ce n’est pas tout : elle s’installera à l’issue du tournoi comme la nouvelle n°1 française, à seulement 22 ans. De quoi espérer une entrée rapide dans le Top 50, et peut-être bien plus si la dynamique se poursuit.
Une discrétion qui intrigue
Très présente sur les courts, Loïs Boisson reste en revanche extrêmement discrète en dehors. Sur les réseaux sociaux, aucune trace de vie sentimentale, pas un mot sur une éventuelle relation. Son Instagram est entièrement dédié à son quotidien d’athlète, comme si le tennis était pour l’instant son seul amour avoué.
Un choix assumé, qui témoigne de son professionnalisme, mais aussi de sa maturité. Rien ne semble détourner son attention de son objectif. Et cette concentration, rare à son âge, est peut-être le véritable secret de sa réussite soudaine.