Malgré un niveau d’épargne jamais atteint par les ménages français, certains placements emblématiques perdent de leur attrait.

Le Livret A, longtemps considéré comme un refuge, voit son encours reculer mois après mois. Une évolution révélatrice de nouveaux arbitrages financiers, dans un contexte de taux en baisse et de stratégies patrimoniales en pleine recomposition.
Alors que le taux d’épargne des Français culmine à 18,7 % du revenu disponible, le Livret A traverse une période de nette désaffection. Selon les données publiées par la Caisse des Dépôts, l’encours total s’établissait à 438,9 milliards d’euros en novembre 2025, soit une baisse de 800 millions d’euros sur un mois. Un signal clair : malgré leur prudence financière, les épargnants commencent à détourner une partie de leur argent de ce placement historique.
Le LDDS également touché par la même dynamique
La tendance ne concerne pas uniquement le Livret A. Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) enregistre lui aussi un recul, avec un encours de 161,8 milliards d’euros, en baisse de 300 millions par rapport au mois précédent. Des chiffres relayés notamment par TF1 Info, qui confirment une dynamique globale de repli des livrets réglementés, pourtant longtemps plébiscités pour leur sécurité et leur liquidité.
La baisse des taux, principal facteur de désaffection

Cette érosion progressive s’explique largement par la chute du rendement. Le taux du Livret A est passé de 3 % en janvier à 2,4 % début février, avant de tomber à 1,7 % au 1er août, réduisant fortement son attractivité face à l’inflation ralentie. Résultat : de nombreux Français retirent une partie de leur épargne, non pas pour consommer davantage, mais pour la repositionner sur des supports jugés plus performants à moyen et long terme.
L’assurance-vie, grande gagnante des arbitrages des ménages
Dans ce jeu de vases communicants, l’assurance-vie tire clairement son épingle du jeu. Toujours selon la Caisse des Dépôts, son encours a atteint 2 100 milliards d’euros fin octobre, soit une progression de 6,5 % sur un an. Ce succès s’explique par une meilleure rémunération potentielle, mais aussi par une souplesse fiscale et successorale qui séduit des ménages de plus en plus attentifs à la valorisation de leur capital.
Des réserves encore considérables sur les livrets réglementés

Pour autant, le Livret A et le LDDS restent loin d’être marginalisés. À eux deux, ils représentent encore plus de 600 milliards d’euros d’épargne, constituant une réserve financière massive pour les ménages comme pour l’État. Le Livret d’épargne populaire (LEP), destiné aux foyers modestes, affiche quant à lui une relative stabilité, avec un encours supérieur à 80 milliards d’euros après un pic à 82,8 milliards fin mars 2025, selon Les Echos.
Vers une nouvelle baisse du taux en 2026 ?
Les perspectives à court terme restent incertaines pour les détenteurs de Livret A. Une nouvelle baisse du taux est envisagée dès février 2026, autour de 1,5 %, voire 1,4 %, en lien avec le reflux de l’inflation. Une décision qui ne sera toutefois pas automatique, puisque Bercy conserve la possibilité d’intervenir.










