
Une Tragédie Qui Bouleverse L’Humanitaire Au Cambodge
Le samedi 2 août, Lisa Girard-Fabre chausse ses baskets pour son jogging matinal habituel. À 23 ans, cette bénévole française de l’ONG « Pour un Sourire d’Enfant » s’entraîne dur depuis des semaines. Demain, elle court le semi-marathon d’Angkor. Un défi personnel pour une cause qui lui tient à cœur : aider les enfants défavorisés du Cambodge.
Mais Lisa ne rentre jamais de sa course.
Ses camarades s’inquiètent rapidement. La jeune femme, installée au Cambodge depuis 18 mois, ne manque jamais ses rendez-vous. L’alerte est donnée. Les recherches commencent dans les environs de Siem Reap, où elle s’était élancée ce matin-là.
Le lundi 4 août, le drame prend une tournure définitive. Les autorités cambodgiennes découvrent le corps de Lisa dans une zone boisée, près d’un ancien temple bouddhiste, à l’extérieur de la ville. La scène est glaçante : cette jeune femme pleine de vie, partie courir pour se préparer à son semi-marathon solidaire, ne reviendra jamais.
L’annonce de sa mort frappe de plein fouet la communauté humanitaire locale. Lisa, cette « belle âme » comme la décriront plus tard ses proches sur les réseaux sociaux, avait tout quitté pour venir en aide aux plus démunis. Sa disparition brutale interroge sur les circonstances exactes de ce drame qui endeuille l’ONG française.

Les Circonstances Troublantes D’Un Décès En Pleine Préparation Sportive
Ces circonstances, les autorités cambodgiennes les révèlent rapidement. Lisa s’entraînait intensément pour le semi-marathon d’Angkor du lendemain, dimanche 3 août. Un événement sportif majeur de 21,097 kilomètres qu’elle attendait avec impatience. Sur Facebook, elle avait partagé son enthousiasme quelques jours plus tôt.
Mais ce jogging de préparation tourne au cauchemar.
Le général de brigade Touch Sokun, interrogé par le Khmer Times, livre la version officielle des faits. Lisa Girard-Fabre serait décédée « des suites d’un effort excessif dû à une course sur une longue distance ». Une mort liée à l’épuisement physique, selon les premières constatations.
L’officier insiste lourdement sur un point crucial : « Je tiens à préciser que la mort de la victime n’est liée à aucun crime ou meurtre ». Cette déclaration catégorique vise à écarter toute suspicion d’acte criminel. Dans cette région touristique du Cambodge, les autorités veulent rassurer rapidement.
Le corps de Lisa est désormais entre les mains de l’ambassade de France. Elle y restera le temps de l’enquête officielle, avant son rapatriement vers la France. Ses proches pourront enfin lui dire adieu, loin de ce temple bouddhiste où elle a trouvé la mort.
Cette version officielle laisse pourtant de nombreuses questions en suspens sur le parcours atypique de cette jeune idéaliste.

Le Parcours Inspirant D’une Jeune Idéaliste Partie À Pied Vers Le Cambodge
Ce parcours atypique commence bien avant cette tragédie cambodgienne. Lisa Girard-Fabre, originaire du Tarn et diplômée de Sciences Po Bordeaux, fait un choix radical en septembre 2023. Elle décide de rejoindre le Cambodge à pied, sans prendre l’avion.
Un projet que « beaucoup de gens disaient fou », reconnaîtra-t-elle plus tard.
La jeune femme se lance dans cette aventure humanitaire avec un double objectif. D’abord, respecter ses convictions écologiques en évitant l’avion. Ensuite, récolter des fonds pour l’ONG « Pour un Sourire d’Enfant » grâce à une cagnotte participative ouverte tout au long de son périple.
Le voyage dure quatre mois complets. Lisa fait du stop sur « 90 % de sa course », traverse l’Europe et l’Asie, rencontre des dizaines de personnes qui marquent son parcours. Elle documente cette odyssée sur les réseaux sociaux, partageant ses découvertes et ses rencontres.
En janvier 2024, elle foule enfin le sol de Phnom Penh. Dans ses bagages : 3 600 euros de dons récoltés pour les enfants cambodgiens. Un succès qui la remplit de fierté.
« Je suis fière d’être allée au bout de ce projet que beaucoup de gens disaient fou. Fière d’avoir vaincu mes peurs, d’être allée à la rencontre de toutes ces personnes qui ont changé ma vie », écrit-elle alors sur Facebook.
Ces mots résonnent aujourd’hui avec une émotion particulière dans le cœur de ceux qui l’ont côtoyée au Cambodge.

L’Hommage D’une Communauté Humanitaire Endeuillée
Cette émotion, Men Makara la partage aujourd’hui avec une profonde tristesse. Le directeur général adjoint de l’éducation pour « Pour un Sourire d’Enfant » ne cache pas sa peine après l’annonce du décès.
« C’était une bonne bénévole et elle nous a aidés. Elle aimait les enfants cambodgiens et voulait les aider », déplore-t-il simplement. Des mots qui résument dix-huit mois de collaboration avec Lisa.
Car même dans ses derniers projets, la jeune femme pensait aux enfants. En prévision du semi-marathon d’Angkor, elle avait ouvert une cagnotte participative avec d’autres bénévoles. Son message était limpide : « chaque don change concrètement des vies en offrant école, repas et avenir à ceux qui en ont le plus besoin ».
Une générosité qui ne s’arrêtait jamais, même face à l’effort physique.
Aujourd’hui, son profil Facebook témoigne de l’impact qu’elle a eu sur son entourage. Les messages de condoléances affluent de toute part. Collègues cambodgiens, amis français, inconnus touchés par son parcours… Tous saluent cette « belle âme » qui s’est éteinte trop tôt.
Les témoignages se multiplient, racontant une jeune femme souriante, déterminée, toujours prête à aider. Une personnalité qui a marqué tous ceux qui l’ont croisée durant ces dix-huit mois au Cambodge.
Le corps de Lisa Girard-Fabre reste désormais entre les mains de l’ambassade de France, en attendant son rapatriement vers le Tarn.