À 63 ans, Lio souffle ses bougies avec une détermination intacte. Si la chanteuse iconique des années 1980 garde son humour et son énergie, elle n’a jamais caché les difficultés qu’elle a traversées. Endettement, perte de sa maison, campagne de dons pour produire un disque… Retour sur le parcours cahoteux d’une artiste libre.
Lio, dont les tubes comme « Banana Split » ou « Les brunes comptent pas pour des prunes » ont marqué des générations, n’a pourtant jamais roulé sur l’or. En mai 2024, elle surprenait ses fans avec une vidéo postée sur Instagram, dans laquelle elle sollicitait leur aide pour financer un nouvel album. « Je n’ai pas les sous pour continuer ce disque », confiait-elle avec franchise, appelant à la précommande d’un exemplaire ou à l’achat de goodies.
Sa démarche, teintée d’autodérision mais sincère, a touché sa communauté. En à peine deux semaines, sa cagnotte a dépassé les 100% attendus, atteignant 136% de l’objectif. Un succès inespéré pour celle qui refuse de céder aux diktats de l’industrie musicale : « Les majors ne veulent pas d’une chanteuse pop de 60 ans. Mais moi, j’en veux encore. »
Une indépendance chèrement acquise
La chanteuse a toujours revendiqué son indépendance, quitte à en payer le prix fort. Elle refuse les compromis artistiques, choisit ses collaborateurs – parmi lesquels Hoshi ou Corine – et tient à rester libre. « Je vais essayer de faire un disque comme je veux le faire, pas en vendant mes droits », insistait-elle. Mais cette liberté a eu un coût, notamment celui de ne pas sécuriser ses finances dans les périodes plus calmes.
« Je vis à flux tendu », confiait-elle à Gala en 2022. Malgré ses succès, Lio n’a jamais véritablement capitalisé sur sa notoriété. Elle avouait avoir longtemps laissé la gestion de ses revenus à d’autres. Résultat : pas de trésorerie, pas de filet de sécurité, et un sentiment persistant de vulnérabilité.
Une maison perdue aux enchères
L’un des épisodes les plus douloureux de cette instabilité reste la perte de sa maison en Charente. En 1993, elle avait acheté une propriété à Vitrac-Saint-Vincent avec son compagnon de l’époque, le musicien Alexis Tikovoï. Ce lieu, qu’elle espérait être un havre de paix, a été vendu aux enchères quelques années plus tard.
Faute de pouvoir rembourser les dettes d’une société immobilière dont elle était cogérante, elle a été contrainte par la justice à céder sa maison pour seulement 17 400 euros. Une somme dérisoire pour ce bien, racheté… par la municipalité locale. « Je suis riche de plein de choses, mais pas sur mon compte en banque », confiait-elle sur le plateau de Quotidien en 2018.
Un nouveau départ au Portugal
Cette précarité l’a finalement poussée à quitter la France. Elle vit désormais à Lisbonne, dans un quartier populaire. « J’aime l’énergie de cette ville, sa lumière », expliquait-elle, assumant un retour aux racines et un mode de vie plus sobre. Loin des projecteurs parisiens, elle y trouve un équilibre, entre souvenirs glorieux et réalités plus modestes.