À quelques jours d’une nouvelle phase de discussions budgétaires à Matignon, Eric Ciotti, patron de l’Union des droites pour la République (UDR) et allié du Rassemblement national, a transmis à Sébastien Lecornu un contre-budget ambitieux.
Le député des Alpes-Maritimes y détaille 120 milliards d’euros d’économies, soit près de trois fois plus que celles prévues dans le budget rejeté de François Bayrou. Dans un courrier adressé au Premier ministre, dont l’AFP a obtenu copie, Eric Ciotti propose une « remise en ordre profonde des finances publiques ». Son objectif : réaliser 120 milliards d’euros d’économies structurelles sans toucher aux impôts. L’élu de droite assume une approche radicale : « Mettre fin aux abus liés à l’immigration » et transformer l’Aide médicale d’État en un dispositif d’urgence strictement limité, réduire la contribution de la France au budget de l’Union européenne et l’aide au développement, ou encore réformer en profondeur les politiques sociales.
Des inspirations ultralibérales et une stratégie politique
Eric Ciotti revendique son admiration pour le président argentin Javier Milei, élu sur la promesse de coupes drastiques dans la dépense publique. Son plan dépasserait largement les 44 milliards d’euros prévus dans le budget du gouvernement précédent, renversé à l’Assemblée le 8 septembre. Ciotti fixe également des « lignes rouges claires » :
Aucune hausse des prélèvements obligatoires.
Pas de désindexation des retraites.
Pas de réduction de la prise en charge des soins et des médicaments.
Une proposition qui repositionne la droite dure
Cette sortie d’Eric Ciotti intervient dans un contexte où le Rassemblement national et ses alliés cherchent à peser sur l’agenda budgétaire. Avec les municipales en mars à Nice en ligne de mire, le patron de l’UDR se place en figure d’opposition frontale à Sébastien Lecornu, tout en offrant une alternative aux électeurs de droite séduits par le RN.
Une bataille budgétaire à haut risque pour Matignon
Pour le gouvernement, ce contre-budget souligne l’ampleur des tensions autour des finances publiques. Entre les revendications syndicales après la mobilisation du 18 septembre et la pression des droites dures, Sébastien Lecornu doit composer avec des exigences contradictoires. La rencontre prévue jeudi à midi à Matignon pourrait marquer un tournant dans les négociations budgétaires, mais aussi dans les équilibres politiques à droite, où Ciotti tente de s’imposer comme interlocuteur incontournable.