Les déclarations tranchées de Mathilde Panot sur le désarmement de la police municipale et le retrait des caméras de surveillance ont embrasé la scène politique. Du centre à l’extrême droite, les critiques pleuvent, illustrant la fracture sécuritaire qui divise profondément les responsables français.
Invitée dimanche soir sur BFM, la présidente du groupe parlementaire de La France insoumise n’a pas esquivé les questions sensibles. Interrogée sur l’éventualité qu’un maire LFI désarme la police municipale, Mathilde Panot a répondu sans détour : « Oui », confirmant qu’un tel choix ferait partie intégrante de leur politique locale. Elle a ensuite précisé qu’elle militerait pour la réintégration des agents municipaux dans les effectifs de la police nationale, dans une logique de recentralisation des forces de l’ordre.
Sur la question de la vidéosurveillance, la députée s’est montrée tout aussi claire : « Je n’y suis pas favorable », affirmant que les caméras n’avaient « jamais prouvé leur utilité » en matière de prévention ou de résolution des délits. Ces prises de position, jugées radicales par ses opposants, ont immédiatement suscité un torrent de réactions.
Une onde de choc politique
Dès la fin de l’émission, des responsables de tous bords ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une mise en danger de la sécurité publique. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a été l’un des premiers à réagir sur X, exprimant son « absolu désaccord » avec les propos de la députée insoumise.
François-Noël Buffet, président LR de la commission des lois au Sénat, a dénoncé sur BFM une déclaration « scandaleuse et irresponsable », qui trahirait les attentes des citoyens en matière de sécurité. Dans la même veine, Valérie Pécresse a accusé LFI de « faire le choix de l’insécurité dans nos communes », tandis qu’Olivier Dussopt, ancien ministre du gouvernement Macron, a jugé cette prise de position « méprisante envers les victimes de la délinquance ».
Le RN en embuscade
Sans surprise, le Rassemblement national s’est également engouffré dans la polémique, par la voix du député Julien Odoul. Invité sur CNews/Europe 1, ce dernier a accusé LFI d’être devenu « le parti des voyous et le parti des racailles », une formule volontairement provocatrice, destinée à renforcer son positionnement sécuritaire auprès de l’électorat.
Cette séquence politique illustre la place centrale des questions de sécurité dans le débat public, surtout à l’approche d’échéances électorales municipales et législatives toujours plus incertaines.
Une vision de la sécurité à contre-courant
Mathilde Panot et son mouvement ne font pas mystère de leur volonté de rompre avec le paradigme sécuritaire dominant, prônant une autre vision de la prévention, fondée sur le social, la médiation et la réorganisation des forces de l’ordre. Pour les Insoumis, la police municipale armée est une dérive du modèle républicain, et les caméras, un leurre inefficace dans la lutte contre la criminalité.
Mais cette approche minoritaire se heurte frontalement à la demande de sécurité exprimée par une grande partie des Français, particulièrement dans les zones sensibles ou rurales, où les municipalités investissent massivement dans l’armement des agents et les dispositifs de surveillance.
Un clivage amené à s’intensifier
Cette polémique n’est sans doute qu’un prélude aux tensions politiques à venir autour des grands thèmes de société. Les débats sur la place des polices municipales, leur armement, la vidéosurveillance ou encore la répartition des compétences entre collectivités locales et État vont s’intensifier, surtout dans un contexte d’hyper-médiatisation des faits divers.
Mathilde Panot, fidèle à la ligne dure de LFI, semble assumer cette position clivante. Mais au vu des réactions, cette stratégie de rupture pourrait isoler encore davantage le parti dans un paysage politique où la sécurité reste un pilier électoral incontournable.