À peine élue à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Amélie Oudéa-Castéra se retrouve au cœur d’une vive polémique.
En cause : son salaire potentiel de 9 000 euros mensuels, révélé par la presse, et qui suscite interrogations et critiques dans un contexte politique encore sensible. Le 19 juin 2025, Amélie Oudéa-Castéra est élue à l’unanimité présidente du CNOSF, succédant à David Lappartient. L’ancienne ministre des Sports, visage emblématique de l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, parachève ainsi un retour remarqué sur la scène sportive nationale. Pourtant, deux jours avant cette officialisation, Le Canard enchaîné jette un pavé dans la mare en dévoilant le montant de la rémunération qu’elle pourrait percevoir dans ses nouvelles fonctions : 9 000 euros par mois, selon l’hebdomadaire satirique. Une information qui soulève immédiatement une onde d’indignation.
Une défense méthodique face aux critiques
Amélie Oudéa-Castéra n’a pas tardé à réagir pour tenter d’éteindre l’incendie. Invitée sur France Info le 23 juin, elle réfute avoir négocié ou perçu cette rémunération à ce jour. « À ce stade, je ne l’ai ni demandé, ni obtenu », affirme-t-elle, précisant que la question sera débattue lors d’un futur conseil d’administration. Elle justifie néanmoins le principe d’une rémunération : elle entend exercer ce mandat « à titre principal » et souhaite donc être soumise « aux mêmes règles que [ses] prédécesseurs ».
Une polémique nourrie par la comparaison avec son prédécesseur
Le fait que David Lappartient n’ait pas perçu de salaire durant sa présidence alimente les critiques. Nombreux sont ceux qui y voient une rupture avec une tradition de bénévolat associatif, d’autant plus sensible que la fonction relève d’une structure non lucrative. Amélie Oudéa-Castéra, elle, rappelle que la rémunération était déjà budgétée au CNOSF sous Lappartient, mais que celui-ci, exerçant la fonction à titre secondaire, avait choisi de ne pas la percevoir. « Je ne fais que poursuivre un régime en place depuis plusieurs années », insiste-t-elle.
Un cadre légal respecté selon l’ex-ministre
Sur le fond, l’ancienne ministre des Sports défend un cadre conforme à la loi. Le salaire visé correspondrait au plafond légal prévu pour les associations par la Sécurité sociale. En d’autres termes, la rémunération n’est ni exceptionnelle ni illégale, mais s’inscrirait dans des normes établies. Cette précision n’a toutefois pas suffi à désamorcer le malaise ambiant. Dans une société française sensible aux questions d’exemplarité, surtout après une séquence olympique jugée coûteuse et controversée, le chiffre de 9 000 euros reste difficile à faire passer.
Une transition entre politique et sport scrutée de près
La nouvelle présidente du CNOSF n’échappe pas à l’héritage de son passage au gouvernement. Ancienne ministre de l’Éducation et des Sports, figure parfois clivante, elle traîne encore derrière elle les critiques formulées lors de son action dans la sphère politique. Sa reconversion au sein du sport institutionnel apparaît à certains comme une reconquête d’influence. D’où une vigilance accrue sur ses conditions de travail, de gouvernance… et de rémunération.
Une séquence révélatrice des tensions autour du CNOSF
L’épisode révèle aussi les tensions latentes qui traversent le monde sportif français. Derrière cette polémique salariale, se profile une question plus large : celle du modèle de gouvernance des instances sportives, entre bénévolat traditionnel et professionnalisation croissante. Amélie Oudéa-Castéra, en incarnant ce tournant, catalyse des critiques qui la dépassent. Reste à savoir si, à l’avenir, le CNOSF parviendra à trouver un équilibre entre transparence, efficacité et exemplarité.