Une mode insolite secoue l’Asie : de plus en plus d’adultes utilisent des tétines, présentées comme un moyen de réduire le stress ou d’accompagner un sevrage. Derrière l’image régressive et rassurante, cette pratique inquiète les spécialistes qui alertent sur ses impacts psychologiques et dentaires à long terme.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos d’adultes exhibant leur « tototte » se multiplient. Certains affirment que sucer une tétine les aide à évacuer l’anxiété ou à surmonter des périodes de sevrage, notamment du tabac. En Chine et au Japon, les ventes explosent : certains modèles de tétines pour adultes dépassent les 60 euros sur les plateformes en ligne. Ce marché inattendu prospère, alimenté par un besoin de réconfort et une quête de sécurité affective.
Le retour à l’enfance comme refuge
Pour le chirurgien-dentiste Christophe Lequart, vice-président de l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire, ce phénomène traduit avant tout un malaise. Chez l’enfant, la succion non nutritive participe à son développement psychoaffectif. Chez l’adulte, elle prend une autre signification : le recours à la tétine révèle un besoin de régression, une tentative de retrouver une forme de cocon rassurant face au stress ou à la solitude.
Des conséquences bucco-dentaires réelles
Si l’usage prolongé de la tétine est déjà déconseillé au-delà de trois ans chez l’enfant, ses effets peuvent également être délétères chez l’adulte. La succion continue exerce une pression sur les incisives, en particulier les supérieures, et peut provoquer un déplacement des dents ou fragiliser les tissus de soutien. Chez une personne souffrant de parodontite, le risque est accru avec une perte osseuse accélérée autour des racines dentaires.
Vers des troubles de l’occlusion
L’utilisation régulière d’une tétine à l’âge adulte peut aussi dérégler le positionnement naturel des mâchoires. L’interposition entre maxillaire et mandibule favorise des contacts anormaux entre les dents. À long terme, cela engendre des troubles de l’occlusion et des douleurs articulaires, parfois accompagnées de céphalées chroniques.
Des répercussions au-delà de la bouche
Les spécialistes soulignent que ces mauvaises habitudes peuvent avoir des effets plus étendus : un engrènement dentaire inadapté peut entraîner des douleurs cervicales ou musculosquelettiques. Loin d’être un geste anodin, cette pratique révèle donc à la fois une fragilité psychologique et un risque sanitaire, appelant à la vigilance des professionnels de santé.