Alors que les propos du chef d’état-major évoquant la nécessité « d’accepter de perdre ses enfants » ont suscité une vive émotion, une autre réalité, plus proche et plus sourde, inquiète profondément les familles.

Pour la mère d’Élias, adolescent poignardé en janvier 2025 à Paris, le véritable danger se joue déjà dans nos rues. Invitée sur CNews ce lundi, Stéphanie Bonhomme, mère d’Élias, 14 ans, assassiné pour un téléphone portable, a appelé les Français à lire l’enquête accablante de l’Inspection générale de la Justice. Elle affirme que ce rapport expose une succession de défaillances ayant contribué à la mort de son fils, un document qu’elle considère comme « la chronique d’une mort annoncée ». Pour elle, avant d’imaginer perdre leurs enfants sur un front militaire, les familles doivent comprendre qu’ils peuvent déjà mourir « en rentrant du cinéma, du collège ou de leur entraînement ».
Un rapport accablant sur la gestion des mineurs délinquants

Selon cette mission d’enquête, les deux adolescents mis en cause dans la mort d’Élias auraient fait l’objet de mesures trop clémentes malgré une dangerosité croissante. Signalés dès 2021 pour vols et port d’armes, ils avaient commis 19 infractions en deux semaines en 2023, avant que leur juge des enfants ne refuse un contrôle judiciaire au motif de « regrets exprimés ». Les interdictions d’entrer en contact, jamais respectées, se sont répétées malgré l’escalade des violences. Pour Stéphanie Bonhomme, cette inertie judiciaire a laissé son fils totalement sans protection.
Des délais judiciaires en rupture avec les textes

Autre point soulevé : les délais. L’audience de culpabilité pour l’un des jeunes a été fixée neuf mois après la récidive, bien au-delà des trois mois recommandés par le code de justice pénale des mineurs. La sanction, elle, n’était prévue que deux ans plus tard, un temps perçu comme incompréhensible face à la gravité des faits. Ces lenteurs, note la mission, ont permis aux deux mineurs de poursuivre leurs actes violents, sans qu’aucune mesure plus ferme ne soit décidée.
Une exigence de justice et de dialogue
Profondément marquée par ce drame, Stéphanie Bonhomme souhaite désormais obtenir des réponses. Elle se dit prête à rencontrer les juges impliqués dans le suivi des deux adolescents. Elle veut comprendre pourquoi les mêmes décisions ont été répétées malgré l’évidence du danger, et pourquoi aucune action plus protectrice n’a été envisagée. Dans un esprit d’apaisement, elle propose qu’une loi oblige les magistrats à rencontrer les familles en cas de dysfonctionnements judiciaires, afin de restaurer la confiance et d’éviter d’autres drames.










