Une vidéo virale sur TikTok a récemment semé le trouble en affirmant que le gouvernement français aurait interdit les mots « wesh » et « wallah » dans les établissements scolaires.
Une information qui, bien qu’elle ait suscité des milliers de réactions, est totalement fausse. Décryptage d’un fake news qui a dupé plus de deux millions d’internautes. Tout est parti d’un montage publié sur TikTok, dans lequel une voix off annonce que les mots « wesh » et « wallah » seraient désormais bannis des écoles, collèges et lycées français, sous peine d’une amende de 130 euros pour les élèves fautifs. La justification ? Restaurer un usage « correct et respectueux » de la langue française dans les établissements.
Selon cette vidéo, un inspecteur général aurait même déclaré que l’Éducation nationale souhaitait réduire l’usage d’expressions familières et de dialectes perçus comme non académiques, notamment dans les couloirs et les cours de récréation. Une affirmation qui, sur les réseaux sociaux, a immédiatement provoqué un tollé.
Une rumeur sans aucun fondement légal
Face à la viralité du contenu, plusieurs médias, dont Melty et 20 Minutes, ont mené l’enquête. Le verdict est sans appel : il s’agit d’une fake news. Aucune loi, décret ou circulaire n’a été votée ni même envisagée pour interdire ces mots.
Le ministère de l’Éducation nationale n’a jamais tenu de conférence de presse sur ce sujet, et aucune déclaration officielle d’un inspecteur ou d’un membre du gouvernement n’a été faite. Il n’existe aucun cadre juridique qui permettrait d’infliger des amendes à des élèves pour leur vocabulaire en milieu scolaire.
L’école face au langage des jeunes
Ce type de rumeur s’appuie sur un fond de débat réel : le langage des adolescents, souvent influencé par l’argot, les réseaux sociaux ou des expressions issues de différents milieux culturels, est régulièrement questionné par les enseignants et observateurs de l’école. L’émission L’école à remonter le temps, diffusée récemment, a d’ailleurs mis en lumière le choc générationnel linguistique, suscitant des réactions parfois très critiques de la part des téléspectateurs.
Mais réguler le langage ne signifie pas sanctionner pénalement les élèves. Le rôle des établissements est d’éduquer au respect et à la maîtrise de la langue française, pas de criminaliser l’usage de mots issus de la culture populaire.
Pourquoi cette fausse information a autant circulé ?
Le succès de cette vidéo — plus de deux millions de vues — s’explique par plusieurs facteurs : le ton solennel, la référence fictive à des sources officielles, et surtout, l’exploitation d’un sujet sensible, mêlant école, autorité, langage et diversité culturelle.
Dans un climat où les débats sur la laïcité, l’autorité à l’école et les enjeux identitaires sont omniprésents, une fausse information bien ficelée peut facilement se propager. Elle exploite les peurs, les tensions, et parfois les préjugés.
Ce que dit (vraiment) la loi sur le langage à l’école
À l’heure actuelle, aucune loi française ne peut interdire l’usage de mots familiers à l’école, à condition qu’ils ne soient pas injurieux, discriminatoires ou menaçants. Le règlement intérieur de chaque établissement peut définir un cadre de langage approprié, mais aucune sanction pécuniaire n’est autorisée contre un élève.
La liberté d’expression des mineurs est protégée, même dans le cadre scolaire, tant qu’elle respecte les principes de respect, de non-violence et de neutralité.
Le bon réflexe : vérifier l’information avant de partager
Cette affaire rappelle l’importance de ne pas se fier aux apparences sur les réseaux sociaux, et surtout de vérifier les sources avant de relayer une information. Des sites comme Hoaxbuster, 20 Minutes Fake Off ou Les Décodeurs du Monde permettent de distinguer une information fiable d’une rumeur virale.
En conclusion, non, vous ne risquez pas 130 euros d’amende pour avoir dit « wesh » ou « wallah » dans la cour de récréation. Mais cette affaire pose une autre question : comment mieux sensibiliser les jeunes (et leurs parents) à la vérification de l’information à l’heure des réseaux sociaux ?