La décision de deux journalistes françaises de renoncer à leur appel clôt une affaire judiciaire sensible mêlant liberté de la presse et lutte contre le terrorisme.
Condamnées pour financement du terrorisme, Édith Bouvier et Céline Martelet assument désormais leur choix de tourner la page, malgré la controverse autour du cadre légal appliqué. Lundi, Édith Bouvier et Céline Martelet ont retiré leur appel, rendant définitif le jugement de mars 2024 qui les condamnait à 10 et 12 mois de prison avec sursis simple pour financement du terrorisme. Les deux journalistes avaient transféré des fonds afin de payer des passeurs, dans l’espoir d’exfiltrer des femmes françaises de Syrie ou d’Irak et de sauver un djihadiste blessé, Maximilien Thibaut.
Une action hors du cadre professionnel
Les journalistes reconnaissent avoir “franchi une ligne”, tout en réaffirmant leur intention humanitaire. Devant le tribunal, elles ont soutenu qu’elles n’avaient « jamais financé le terrorisme », affirmant au contraire le combattre quotidiennement dans leur métier. Elles estiment avoir agi pour « sauver des vies », mais admettent s’être « sorties du cadre » habituel de leur profession en participant à une opération d’exfiltration illégale.
Un désistement motivé par l’apaisement
Leur décision de renoncer à l’appel s’explique par la volonté d’en finir avec une affaire éprouvante. Leurs avocats, Me Clémence Witt et Me Simon Clémenceau, ont salué la reconnaissance publique par la présidente de la cour d’appel que le droit français ne prend pas en compte l’intention ou le mobile dans de tels cas. Me Florian Lastelle, conseil de Céline Martelet, a ajouté que sa cliente souhaitait désormais « passer à autre chose et se consacrer enfin à sa profession de journaliste ».
Un débat toujours sensible sur la liberté de la presse
Cette affaire relance le débat sur la protection des journalistes enquêtant sur des zones de conflit et des réseaux terroristes. Elle souligne les dilemmes éthiques auxquels sont confrontés certains reporters : agir pour des raisons humanitaires peut entraîner des conséquences pénales lourdes. Si la justice a tranché, l’épisode nourrit une réflexion plus large sur l’équilibre entre sécurité nationale, liberté d’informer et responsabilité individuelle dans un contexte géopolitique complexe.