Le projet d’implanter Shein dans plusieurs magasins affiliés aux Galeries Lafayette suscite une vive opposition.
La célèbre enseigne parisienne refuse catégoriquement de voir cette marque d’ultra fast fashion occuper ses espaces, arguant d’un désalignement total avec son image premium et ses valeurs. Une bataille contractuelle et symbolique s’annonce.
Les Galeries Lafayette ont annoncé leur refus de voir Shein s’installer dans cinq de leurs magasins affiliés en province. Même si ces établissements ne sont plus directement exploités par le groupe parisien, ils restent liés par des accords contractuels avec la Société des grands magasins (SGM), propriétaire de ces points de vente. L’enseigne juge que l’arrivée de la marque chinoise est incompatible avec son positionnement et ses engagements.
Les Galeries Lafayette brandissent l’argument contractuel
Selon le groupe, l’implantation de Shein à Angers, Dijon, Grenoble, Limoges et Reims, ainsi qu’au BHV Marais à Paris, constitue une violation des clauses d’affiliation. Les contrats exigent en effet que les marques présentes respectent l’image premium associée aux Galeries Lafayette, ce que l’arrivée d’une enseigne d’ultra fast fashion viendrait contredire. Une source proche du dossier a rappelé à l’AFP que, si les affiliés disposent d’une certaine autonomie, leurs choix doivent rester cohérents avec l’identité de l’enseigne.
La menace d’un blocage juridique
Face à ce projet, le groupe Galeries Lafayette promet d’« empêcher la mise en œuvre » du partenariat entre SGM et Shein. Une confrontation juridique semble désormais inévitable, bien que SGM assure que l’accord est conforme aux contrats signés et que le dialogue reste ouvert pour tenter d’apaiser le conflit. De son côté, Shein, par la voix de ses avocats, estime que les Galeries Lafayette ne disposent d’aucun moyen légal pour entraver son implantation.
SGM, un acteur en pleine expansion
La Société des grands magasins, créée en 2021 par Frédéric et Maryline Merlin, a racheté plusieurs anciens établissements régionaux des Galeries Lafayette et exploite aujourd’hui sept magasins en province, en plus du BHV Marais. Cette foncière commerciale s’affirme comme un nouvel acteur incontournable du commerce français, cherchant à diversifier son offre et à attirer de nouvelles enseignes.
Shein, symbole d’une mode controversée
Fondée en 2012 en Chine et aujourd’hui basée à Singapour, Shein s’est imposée comme l’un des géants mondiaux de la mode à bas prix. Son modèle repose sur une production massive, une mise en ligne frénétique de nouveautés et des prix imbattables, soutenus par un marketing digital agressif. Mais cette croissance fulgurante s’accompagne de vives critiques : impact environnemental jugé désastreux, conditions de travail opaques, accusations de pratiques sociales indignes. En Europe, la marque se retrouve dans le viseur de nombreuses associations et autorités.
Une bataille d’image et de valeurs
Au-delà du strict aspect contractuel, cette affaire illustre un choc de modèles économiques. D’un côté, les Galeries Lafayette revendiquent une identité haut de gamme et responsable ; de l’autre, Shein symbolise l’extrême inverse : la mode jetable, rapide et bon marché. Ce bras de fer pourrait rapidement dépasser le simple cadre juridique pour devenir un nouvel épisode du débat sur l’avenir de la consommation textile en France et en Europe.